White Mountains Hut Traverse

Il s’agit d’un parcours d’environ 80 km et 6000 mètres de dénivelé positif qui relie les 8 refuges de l’Appalachian Mountain Club (AMC) dans les White Mountains du New Hampshire.

Courbe du dénivelé de la White Mountains Hut Traverse

Au cours de mes sorties de fastpacking, j’ai réalisé qu’il est difficile d’être ultraléger avec tout ce qui doit être transporté pour passer une nuit dans les montagnes. Les White Mountains, et surtout la Présidentielle, amènent un facteur météo à ne pas négliger.  Voyant mon Fastpack Ultimate Direction de 35L rempli à craquer et comme il n’offre pas le meilleur confort, j’ai donc choisi d’effectuer cette longue sortie en mode randonnée comme le font les thruhikers c’est-à-dire, avec un gros sac de randonnée de 55L. C’était une opportunité de tester mon matériel pour un défi qui viendra un jour, la Direttissima soit un trajet qui relie les 48 plus hauts sommets des White Mountains (environ 350 km et 22000 mètres de dénivelé positif).

Comme lors d’autres défis dans les White Mountains, je me suis réveillé tôt pour faire le trajet en voiture jusqu’à mon point de départ : Nineteen Mile Brook Trailhead près de Gorham. J’ai opté pour le trajet Nord-Sud afin de traverser la chaîne Présidentielle dans la journée puisqu’on y annonçait du temps froid, des vents et du brouillard.

Départ à 7h40

Avant d’entamer la montée vers le mont Madison et la chaîne Présidentielle, je dois faire une ascension de 6 km pour rejoindre Carter Notch Hut qui sied au creux du Wildcat-Carter range. Le même chemin est rebroussé pour ensuite rejoindre Great Gulf Trail. Jusque-là, tout va bien. La temps est confortable et il y a même des éclaircies. Peu importe l’approche, j’ai toujours trouvé que la montée du mont Madison est longue et ardue. C’est via Osgood Trail que j’atteins le sommet puis la courte descente m’amène à Madison Hut. Le vent et le brouillard sont omniprésents.

Pour la Hut Traverse, on peut décider de ne pas faire les sommets puisque le but est de seulement relier les refuges. Malgré les conditions, je décide de faire chacun des sommets : Adams, Jefferson, Clay. C’est plutôt intimidant tout ce vent et ce brouillard. J’avance beaucoup plus lentement que d’habitude. Bon, le poids du sac y est pour quelque chose aussi.

J’atteins le plus haut sommet du Nord-Est des É-U, le mont Washington, un peu avant 18h. Aucune vue, bien sûr. Lors de mon treck sur la partie sud de la Présidentielle, les vents s’intensifient. Les bourrasques me déstabilisent. Vivement le couvert des arbres. Entre les monts Eisenhower et Pierce, je sors ma frontale. C’est dans la descente vers Mizpah Hut que je quitte le brouillard et les vents. Lorsque je rejoins le Crawford Path, je suis en terrain connu. La route 302 correspond à peu près à la mi-parcours, soit 45 km. Depuis Lakes of the Clouds Hut, j’ai des nausées. Toutes les hypothèses y passent : l’eau du refuge, la fatigue, le sucre ingéré.

Je m’enfonce dans la nuit en grimpant par le sentier menant au mont Tom. Je planifie établir mon campement un peu après minuit, probablement sur la A-Z Trail, sur la partie plate après la longue descente. Je veux engranger quelques kilomètres supplémentaires pour en avoir un peu moins à parcourir après mon court dodo. L’an passé dans un défi semblable mais en sens inverse, ce sentier était complètement inondé. Aujourd’hui, le sentier est plutôt sec…ce qui est étonnant avec toutes les précipitations de l’été. La nuit est plutôt calme. Cette sérénité est bienvenue après tout ce bourdonnement du vent vécu auparavant.

Finalement, je repousse mon arrêt à un endroit dégagé tout près de Zealand Falls Hut après 55 km de randonnée. Il est 2h du matin. Des excréments d’ours dans le sentier mon inciter à attendre un peu avant d’arrêter.

Une petite pause

Un bivouac de survie, un matelas de sol, un quilt (sleeping bag) et des vêtements longs en mérino vont m’assurer une belle nuit en nature. Aucune bibitte pour me déranger. À mon réveil, je me sens reposé, moins nauséeux et prêt à affronter les 30 km me séparant de ma destination, Lonesome Lake Hut.

Deuxième départ à 5h

Très rapidement j’atteins Zealand Falls Hut. Il fait encore sombre et j’emprunte le mauvais sentier en quittant le refuge. Je perds une vingtaine de minutes à tourner en rond avant de réaliser ma bévue. Enfin, sur le bon chemin. Et ça monte vers le sommet du mont Zealand. Très bientôt je serai sur la boucle de la Pemi. Un des beaux points de vue est au passage du sommet du mont Guyot. Le soleil est bien présent à cette heure matinale. J’aperçois plusieurs randonneurs en provenance du mont Bond. Comme eux, je me dirige vers le mont South Twin. Dans les parties dégagées, l’air est frais et le vent est fort. Encore. Au moins, il n’y a pas de brouillard. La longue descente de South Twin me mène à Galehead Hut où j’en profite pour boire une limonade vendue sur place. C’est mon 6e refuge. Il n’en reste que 2.

La section entre Galehead Hut et le mont Lafayette me semble interminable si je compare à mes temps lorsque je l’ai faite lors de mes Pemi Loop (48 km, 3000 m D+). Je passe par le mont Garfield, bien sûr, où je contemple le 6e plus haut sommet des White Mountains et tous les autres sommets environnants. Quel panorama!!! L’ascension finale vers le sommet du mont Lafayette en provenance du Garfield ridge est spectaculaire. Le point de vue sur le sommet est bien différent des approches classiques du Franconia ridge et de la montée à partir du refuge. C’est justement ce dernier sentier que j’emprunte pour ma descente de la montagne. Au Greenleaf Hut, on y vend pizza et breuvages. Comme j’ai un p’tit creux, je considère que c’est un 5$ bien investi avant ma descente vers le stationnement. Par cette belle journée, le sentier est envahi par les randonneurs. Je me fraie un chemin pour les contourner et les dépasser. J’ai bien hâte que mon épopée se termine. Je commence à réfléchir à mes possibilités pour retourner à ma voiture qui m’attend près de Gorham. La navette AMC ne sera probablement plus en fonction (et c’est un peu plus compliqué). Je pourrai quand même dormir tout près du point d’embarquement pour cette navette et la prendre le lendemain… Il reste aussi l’option de Trail Angels Hiker Service, un service de navette que j’ai utilisé l’an passé moyennant un coût de 100 $ US.

J’y réfléchis. Mais pour l’instant, il me reste un dernier refuge, une dernière ascension. Après avoir traversé le tunnel de l’autoroute I-93, j’entame la montée vers Lonesome Lake Hut. C’est une courte distance mais oh combien abrupte!!! Ça monte tout le temps jusqu’au lac. Et c’est là que je rencontre mes bons samaritains. Un couple de Québécois, Sylvain et Claudia, en vacances au camping Lafayette Campground, me reconnait. Ils m’ont déjà croisé ou connaissent certains de mes défis dont celui qui a passé dans leur région, Val-des-Sources, soit la 2e édition d’Avançons tous en cœur pour Moisson Estrie en 2020. On jase un peu et lorsque Sylvain me propose un lift pour retourner à mon véhicule, je ne peux pas refuser. Je les laisse compléter leur descente et moi, je poursuis sur le sentier qui contourne le lac jusqu’au refuge, mon dernier. Enfin.

L’aventure de Carter Notch Hut jusqu’à Lonesome Lake Hut aura pris près de 31 heures pour une distance d’environ 80 km. Quand la tête sait que c’est terminé, les raideurs musculaires et articulaires arrivent rapidement. Je dois tout de même redescendre et rejoindre Sylvain et Claudia à leur site de camping. Ils sont de très bonne compagnie. Un geste très généreux de leur part de m’offrir ce lift. Ils ont quelques questions pour moi et ça va se poursuivre durant le trajet d’une heure à contourner les hauts sommets. Une belle rencontre et de belles discussions. Merci encore Sylvain et Claudia.

Comme il n’est pas trop tard, je décide de retourner à Sherbrooke le soir-même. Le trajet de 2h30, assis dans la voiture, à ne pas me dégourdir les jambes suffisamment réactivera mon spasme du muscle fessier droit du début août après mes randonnées dans Baxter State Park. Ça, c’est une autre histoire mais c’était excessivement douloureux et incapacitant.

La traversée des White Mountains de refuge en refuge est une belle leçon d’humilité. Les conditions météos de la première journée m’ont imposé une cadence plus lente. Le terrain et son dénivelé autant positif que négatif avec un sac de randonnée bien chargé exigent aussi une certaine prudence. C’est une bien belle introduction à ce que pourrait être la Direttissima, un trajet 4 fois plus long.

Maintenant, d’autres défis m’attendent. Je suis toujours à la conquête des North-East 111. Seulement 15 sommets à cocher dont 13 dans les ADK. À moi la traversée du Great Range… Ça s’en vient très bientôt.

Trace Strava : https://www.strava.com/activities/9701368569

Propulsé par Le Coureur

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