🤪Folies du mois d’août

Northeast 111 en couple

La liste des NE111 compte les AMC 4000 (48 sommets de plus de 4000 pieds des White Mountains), les ADK 46ers (les 46 plus hauts sommets des Adirondacks) et quelques sommets du Maine (14), du Vermont (5) et des Catskills (2). C’est un total de 115 sommets à gravir.Avec ma copine, dans notre petit projet de rando-courses ensemble, nous avions rayé 106 sommets de la liste depuis décembre 2021. Les 9 derniers étaient dans la mire lors de nos vacances au début août. D’abord les 2 des Catskills plus au sud afin d’éviter les averses dans les Adi. Puis sur notre retour, nous avons complété les sommets restants du Great Range dont le difficile Saddleback. En descente, je n’avais eu aucun problème dans le passé, mais en montée, il y a 2 passages plus techniques ou ma souplesse, inexistante, m’a rendu la vie difficile. Par chance, il y avait une main bienveillante pour me tirer vers le sommet. La même main qui veut me pousser en bas d’une falaise lorsqu’elle me trouve un peu fatiguant en randonnée.
Nous avons complété nos 3 derniers sommets dans un format fastpacking avec un départ tardif. Avalanche Lake est toujours aussi beau. Puis, nous avons atteint les sommets Redfield et Cliff. Beaucoup de boue à la base de ce dernier. Les Adi offrent beaucoup de sites pour camper. Non loin de de la fin de notre randonnée sur Cliff, nous avons établi notre campement. Petite baignade dans la rivière avant de se coucher en prenant bien soin de mettre notre bear canister à une distance raisonnable de notre tente. Aucune visite nocturne.
Notre épopée s’est conclue le lendemain avec le mont Marshall.

Maintenant, qu’ont à nous offrir les montagnes des états de l’est des É-U? Il existe plusieurs trajets de longue randonnée comme les North East Ultra 8. Il y a aussi cette liste des « 52 with a view » au New Hampshire. Encore plein de sentiers à explorer. Yahou!!!

Catskills – Slide (8.6k): https://www.strava.com/activities/12070385524
Catskills – Hunter (7.3k): https://www.strava.com/activities/12070385438
ADK – 4 sommets (32.5k): https://www.strava.com/activities/12082160069
ADK – Redfield et Cliff (22k): https://www.strava.com/activities/12097816122
ADK – Marshall (20.5k): https://www.strava.com/activities/12097806044


3 ultras en 3 vendredis

16 août – Marathon au mont Orford (8 montées-descentes, 45km, 3600 m D+, 7h56)

Mon plan était de faire un Everesting au mont Washington à ce moment mais les conditions météo étaient hasardeuses en soirée et pour la nuit dans les Whites. Je me suis donc tourné vers une montagne plus près de chez moi, le mont Orford.
J’ai envisagé faire un Everesting mais c’était une journée très chaude et humide. J’ai revu mes objectifs plusieurs fois durant cette journée. Les 2-3 premières montées, ça va bien. On a plein d’énergie. Les 2-3 suivantes, on se demande « qu’est-ce qu’on fait là ?». Il y a un doute. Puis ensuite, on rentre dans un rythme qu’on pourrait maintenir longtemps. Lors de cette journée, je voulais être confortable dans les montées et surtout dans les descentes. Après 8 montées-descentes, je me suis dit que c’était une bonne journée.

Trace Strava : https://www.strava.com/activities/12165376315

23 août – Everesting au mont Washington (8 montées-descentes, 79km, 8854 m D+, 23h11)

Everesting. C’est simple. On trouve une côte. On la monte et la descend en une seule activité continue. Et on atteint un dénivelé positif qui équivaut à l’altitude du mont Everest (8849 m / 29030 pieds)😱.
Mon parcours d’ultramarathonien m’amène à réaliser plusieurs défis. Me challenger. Établir des buts. Explorer. Faire quelque chose d’unique (ou de fou🤪). M’y préparer. Mettre un pied devant l’autre et tranquillement atteindre ce but…comme dans la vraie vie…et ça aide à bâtir sa résilience.
Le mont Washington est le sommet le plus haut de l’est des É-U (altitude 1917m). Il est reconnu pour ses conditions extrêmes (température record de -45°C avec facteur vent de -75°C 🥶et des vents records de 372 km/h🌪). Il faut bien choisir sa journée pour atteindre ce sommet car il peut y neiger à tout moment de l’année, les vents et le brouillard peuvent se lever rapidement et on peut y souffrir d’hypothermie peu importe la saison.
Faire un Everesting au mont Washington devient intéressant : quand la petite montagne dangereuse rencontre le sommet du monde. Ça m’était passé par la tête un mois auparavant seulement. Je l’avais mis sur ma liste de défis.
Le vendredi 23 août à 15h30, après un avant-midi à travailler et un début d’après-midi à voyager de Sherbrooke vers les montagnes, j’ai débuté mont défi à la gare Marshfield Station, là où les trains débutent leurs ascensions vers le sommet du mont Washington. Mon but était de réaliser 8 montées et descentes en utilisant le sentier qui longe les rails, la Cog Rail Trail. Mon ravito, ma voiture, était au stationnement des randonneurs près de la gare.
Les sensations étaient bonnes. Les jambes bougeaient bien. Il y a eu quelques doutes quand même durant la nuit mais en prenant ce défi une montée à la fois, en mangeant bien et en gardant mon corps au chaud en changeant mes vêtements régulièrement, j’y suis parvenu.
8 montées et descentes du mont Washington.
8854 m / 29048 pieds de dénivelé positif.
Environ 80 km (50 miles).
En moins de 24h (23h11).

Les conditions étaient idéales pour ces montagnes : soleil le jour, brouillard et venteux le soir et la nuit, un peu froid mais aucune précipitation. J’avais un bon point de repère : les rails à ma droite en montée… et à ma gauche en descente. Durant la nuit, je voyais à peine à 5 mètres devant moi.
Cette folie d’Everesting m’amène à songer à un autre défi…une autre petite bulle au cerveau, un autre Everesting mais cette fois sur le mont Lafayette😎. Et qui sait, peut-être faire un Everesting sur chacun des 48 sommets des AMC 4000 😝.
Oh que j’aime les Montagnes Blanches et tous ces sentiers !!! Amusez-vous bien vous aussi dans ces montagnes.

Trace Strava : https://www.strava.com/activities/12232637467

30 août – Un ultra à l’Île d’Orléans (50km, 5h)

Petite escapade à l’Île pour le long weekend de la fête du Travail. Comme j’ai un peu de temps avant que ma copine arrive, je me dis qu’un petit tour de l’Île (67km) ça pourrait être intéressant.
Les premiers 30 km ça va. Cette île n’est pas plate du tout. Il y a beaucoup de dénivelé. La vitesse y est quand même. Puis, ça devient plus difficile. Le tendon d’Achilles tiraille un peu. Avec un départ à 15h40, j’ai vite réalisé qu’il y a beaucoup de circulation sur l’île…et toutes ces voitures m’ont dérangé lorsque je suis arrivé à Ste-Famille. En quittant, je m’étais laissé l’option de couper court sur des routes qui traversent l’Île du Nord au Sud. J’ai donc choisi d’écourter mon parcours en prenant la route du Mitan. J’ai terminé avec des alternances de course et de marche à la noirceur.

Trace Strava : https://www.strava.com/activities/12285208166

Il est maintenant temps de récupérer pour bien entamer les folies de l’automne. Sur ma liste, il y a les Championnats de Backyard en équipe où je représenterai le Canada avec 14 autres coureurs Canadiens (début le 19 octobre) puis la Transmartinique (135 km, 7 décembre). Mais bon, il y aura peut-être d’autres opportunités de lâcher mon fou avant.

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Se relever et continuer à avancer

Le jeu de la Big Wolf’s Backyard à Cacouna ce weekend ne s’est vraiment pas déroulé comme je l’anticipais.

J’étais motivé à me rendre loin. 50 boucles. Voire plus. Après en avoir fait 45 l’an passé, après quelques bonnes courses préparatoires de 24 heures (150 km au Frozen Yéti en février et 195 km au White Lake Ultra en mai), je savais que j’avais le potentiel de briser mon record. J’étais bien préparé. J’avais fait mes devoirs. Bien reposé. Un très bon crew. Dévoué. J’avais un premier objectif : m’emparer de la grande tente puis poursuivre pour voir un 2e lever du soleil.

Répéter un parcours de 6.7 km à chaque heure. Profiter des minutes avant le prochain départ pour manger, se reposer et prendre soin de soi. Ça semble facile…jusqu’à ce que ça ne le soit plus. Dans d’autres courses, on peut se reposer un peu plus longtemps, marcher et prendre des pauses. Au jeu de la Backyard, si on ne complète pas notre boucle dans l’heure allouée, on est éliminé. Si on ne prend pas le départ lorsque l’heure sonne, on est éliminé. Le gagnant est le dernier survivant.

Avec la 2e meilleure performance parmi les 116 loups au départ, j’étais parmi les favoris. Après 14 boucles de 6.7 km (environ 94 km), je serai une des premières têtes d’affiche à m’incliner.

Oh que la chaleur rend mes courses pénibles! La canicule du weekend ne m’a pas épargné. Ce soleil de plomb qui nous chauffe, nous surchauffe et qui rend tous les mouvements laborieux. Aucune ombre sur le parcours. La table était mise pour rendre le jeu plus difficile. Les premières boucles, ça va. Mais tranquillement, il y a des dommages. Il y a une lourdeur dans les muscles. La foulée devient inefficace. Un bandeau avec de la glace autour du cou et de la glace sous la casquette, ça aide un peu. Je peux poursuivre encore quelques tours. Je garde le sourire. Je pique une jasette avec d’autres coureurs. Puis, je réalise que mon énergie décline. Je suis bien hydraté, je mange bien mais je ne trouve aucun rythme.

J’ai un regain d’énergie lorsque le vent se déchaîne. J’espère que l’orage va s’abattre sur nous. Je suis prêt à affronter ces éléments. Seulement quelques gouttes de pluie et puis, le calme et un beau couché de soleil avant de se laisser transporter dans la nuit. Mais mon énergie s’étiole et j’ai des douleurs dans les muscles comme si j’en étais à ma 40e boucle/heure.

Avec mes nombreuses années à courir, plus de 115 000 km au compteur, plus de 60 ultramarathons et tous mes défis ultra-fous, je sais qu’il me sera difficile de sortir de cette agonie tout en respectant les règles du jeu. Quand finalement je commence à ressentir des étourdissements et des nausées, je ne vois aucune bonne raison de poursuivre. C’est tout simplement une mauvaise journée.

Hummmm, pas si mauvaise que ça…

J’ai rencontré et côtoyé plusieurs personnes inspirantes qui me motivent à me relever, le dos bien droit, les épaules relaxes pour affronter d’autres défis.

Marco (Poulin), année après année, il ne cesse de m’impressionner. Quel parcours depuis notre première rencontre sur mon défi Avançons tous en cœur en mai 2020.

Denis (Laliberté) pour qui le mot handicap n’existe pas. Te voir rouler sur le parcours m’a permis de garder la tête haute et mettre un pied devant l’autre dans mes dernières boucles.

Pierre (Bigot), un grand coureur à la foulée légère qui accumule les boucles comme si c’était la première. Promis, Pierre, cet été, je vais goûter à la bière que tu brasses à la micro du Lac.

Laurent (Teboul). Wow. Quelle énergie tu avais sur le parcours !!! On dirait qu’il y a un lien entre ta bouche et tes jambes. Tant que tu parles, tu avances. Avec Sandra (Auger), vous étiez rayonnants.

Et que dire de tous ces sourires. La présence exceptionnelle des bénévoles et du photographe Dave (Dupéré).

J’ai quand même l’impression d’avoir manqué une partie de la fête. J’aurais aimé que le jeu dure plus longtemps pour en faire profiter mon crew Patrick prêt à m’accompagner et me supporter longtemps. Maintenant, on verra si ma 15e position au classement Canadien tiendra jusqu’au 15 août pour une participation au World Team Championship 2024 en octobre. La température devrait être un peu plus fraîche à cette période de l’année.

Depuis mes premières courses à l’an 2000, j’ai toujours respecté une règle. Ma règle #1. La course avec dossard ou mon défi ne doit pas me mettre sur le carreau trop longtemps (je parle de quelques jours ici). Ma Backyard du weekend était ma 3e course où j’ai interrompu prématurément mon parcours. Et je ne le regrette pas du tout. Ce que j’aime, c’est courir, bouger, explorer. Sur route ou en sentiers. Dans les montagnes ou en poussant des personnes à mobilité réduite. Je n’ai jamais arrêté de courir plus d’un mois (mais j’ai marché beaucoup durant ce mois). La course, mes défis, c’est mon laboratoire pour développer ma résilience. Ou simplement réaliser quelque chose d’unique. Et ces réalisations me donnent une motivation dans d’autres sphères de ma vie.

Deux jours après mon abandon, j’étais déjà dans les sentiers du mont Chauve à planifier ma journée du lendemain. Une petite escapade au mont Washington dans les Montagnes Blanches. Un sommet que j’ai déjà foulé 59 fois. Pour la première fois, j’ai décidé d’emprunter la voie de service qui longe les rails du train (Cog rails) jusqu’au sommet. Près de 5 km et 1100 mètres de dénivelé positif (D+). Une ascension avec une bonne pente mais peu technique. J’y allais pour 2 montées-descentes. Une première dans les nuages, le vent et le froid. Une 2e in and out of the clouds mais un peu plus chaud. Avec tous ces trains et tous ces gens qui me photographiaient, et les conducteurs qui m’encourageaient avec des thumbs up, j’avais l’impression d’être une bête de zoo qu’on observait dans son habitat naturel : « Cette espèce, l’ultramarathonien, envahit tous les territoires. Et sans raison, il monte et descend les pentes et parfois, ils font des allers-retours sur des boucles de 6.7 km, jusqu’à épuisement ».

On annonçait des orages en fin d’après-midi mais comme chacune des montées-descentes totalisait un peu moins de 2h30 et que le ciel était dégagé, je suis reparti pour une 3e ascension. Récompensé par un ciel dégagé et une température parfaite.

Pour utiliser les mots de mon dévoué crew Patrick, « j’ai eu le temps de trop dormir après ma course ». Ça donne des idées de défis sur ce trajet.

  • Connaissant tous les accomplissements de Denis en montagne avec l’Acropole des Draveurs et le mont Albert notamment, je me suis dit que cette voie d’ascension était idéale pour affronter le mont Washington avec sa Joëlette. On laisse germer l’idée et on déniche les membres de l’équipe pour la concrétiser au moment opportun mon Denis.
  • Pendant les 7h15 de ma petite journée, je me suis mis à faire quelques calculs mathématiques. Si 1 montée donne 1100 m de D+ alors 8 montées donnent … un Everesting. Bon, je devrai probablement ajouter quelques mètres de D+ jusqu’à la gare à mi-pente (Waumbeck Station) pour atteindre l’altitude de 8849 mètres mais c’est un défi à ma hauteur. Imaginez, 8 fois le mont Washington en +/- 24 heures.

Merci encore Big Wolf’s Backyard pour le weekend.

Trace Strava : https://www.strava.com/activities/11905867211

Propulsé par Le Coureur

Préparé et réparé par Action Sport Physio Sherbrooke

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TARC Stone Cat Trail Festival – 24h chrono

Vendredi 3 novembre 19h

Après avoir soupé avec mes enfants, j’embarque dans ma voiture et va porter ma fille chez une de ses amies. Puis, je prends la direction d’Ipswich au Massachusetts.

20h

Passage au poste frontalier de Stanstead. Le douanier Américain me souhaite bonne chance pour ma course. La musique de Cinderella m’accompagne: My gypsy road can’t take me home / I drive all night just to see the light / My gypsy road can’t take me home / I keep on pushin’ ’cause it feels alright.

23h15

Arrivé au Seabrook Rest Area sur la I-95. C’est là que je vais dormir dans ma Pacifica. Le stationnement est plein à craquer.

Samedi 4 novembre 3h

J’ai dormi comme un bébé : profondément mais de courte durée. Je m’habille avec ma tenue de course. Je déjeune en roulant.

4h

Au site du départ de la course : Doyon School dont la cours arrière donne sur le Willowdale State Forest. Ça commence à s’activer. Je vais chercher mon dossard, le 2053. Puis je vais déposer mon bac avec mes effets. Après chaque boucle de 20km, je vais avoir accès à ce bac.

5h

C’est un départ. À la frontale, je guette les drapeaux réfléchissants. Je me retrouve en tête mais laisse filer 2 coureurs qui semblent partis en mission. Au ravito, à la mi-boucle, un bénévole me reconnaît. Dans la noirceur, je ne le reconnais pas mais le salue. Je suis comme une légende pour cette course. Le fameux French Canadian qui détient encore le record du parcours (6h10:55 en 2013). Je suis confortable en 3e position quand 2 autres coureurs me dépassent. La boucle de 20km s’allonge. Je doute. Ai-je manqué un virage? Suis-je sur le bon parcours? Finalement, le parcours est juste un peu plus long. Des extras milles, gracieuseté du directeur de course. Mon record du parcours ne devrait pas tomber aujourd’hui.

7h

Je termine la première boucle en un peu moins de 2h. Et repars immédiatement dans ma 2e boucle sans aucun arrêt au puit. Dès que j’entre sur le sentier, je trébuche. Je fais un beau plongeon. Déjà le 3e depuis le départ. Le soleil se lève. Les couleurs sont magnifiques. Rouge, comme mes genoux et un de mes avant-bras. Deux autres coureurs me dépassent.

8h

Au ravito, j’identifie le bénévole qui m’a reconnu un peu plus tôt : Josh. Dans mes premières années d’ultra-marathons, c’est avec et contre lui que je courrais. Je suis son premier coureur à réclamer du Coke.

9h

J’échange mes gourdes rapidement, me libère de vêtements inutiles maintenant qu’il fait un peu plus chaud. Je me promets une belle 3e boucle. Le 2/3 de la course est souvent un moment difficile dans mes courses. Depuis le début, je n’ai aucunement marché. Quand je ne m’accroche pas les pieds dans les racines ou les roches, ma foulée est fluide. L’inévitable arrive. Alors que je me félicite de ne pas avoir tombé depuis plus de 20km, je m’affale dans les feuilles mortes qui camouflent mes obstacles. Je dois être fatigué pour ne pas lever mes pieds suffisamment? Ou peut-être que ce sont mes souliers avec une semelle plus haute? Ou peut-être mes nouvelles lunettes qui me joue des tours sur la 3e dimension? Malgré toutes ces chutes, je me relève et poursuis mon chemin.

11h10

Enfin le début de la dernière boucle. Je rattrape un coureur que j’ai croisé dans la section aller-retour. Celui-là n’est plus une menace. J’en rattrape un autre. Des gens sur le parcours m’annoncent que je suis en 3e position. La seule explication est que les 2 coureurs qui m’ont dépassé dans la première boucle se sont trompés de chemin. Je fais ma plus belle pirouette près d’un trou de boue et finis ma chute dans un bosquet. Je me cogne la tête sur un tronc. Mon front et mes lunettes encaissent le coup. Tout ça devant 2 personnes sur une autre distance de course que je venais de dépasser. « Do you need help? » C’est vraiment rendu une habitude. Huitième chute…

13h32

Je maintiens ma position durant la 4e boucle et termine officiellement en 3e position en 8h32. La distance finale est de 86.5 km. Je mange et me change, jase avec quelques bénévoles et le directeur de course.

14h15

Bye Bye Stone Cat. Je retourne au Québec. Je continue à manger et boire sur la route. Je fais quelques arrêts pour me dégourdir les jambes. Les chansons des groupes de l’époque Hair Metal font vibrer mon habitacle.

17h45

Le douanier me félicite pour ma course.

19h

Sacs et bacs rentrés dans la maison. Je m’assois à la table à manger pour une bonne fondue avec mes enfants.

TOP CHRONO : 24h

Un gros mois se termine avec cette course. Ma génétique et un peu de folie m’ont permis de compléter un 100 milles (Bromont Ultra 160k – 2e), un 50 milles (Stone Cat – 3e), un marathon (Magog – 3e) et un 50k en 17h40 dans les Adirondacks. Trois podiums pour les trois courses. Tout ça en 4 semaines.

Je commence déjà à réfléchir à ma saison 2024. Il y aura des Backyards, une course de 24h, un marathon à Boston, le Frozen Yéti et sûrement plein de défis en montagnes.

« L’essentiel de la vie tient dans le mouvement. » – Henri Bergson

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Adirondacks – Bob Marshall Traverse

Une longue randonnée de 50 km qui passe par les 4 plus hauts sommets des Adirondacks (Marcy, Algonquin, Haystack et Skylight).

Une belle expérience de fastpacking en autonomie complète.

Une température idéale mais bien des obstacles sur le parcours : boue, roches glissantes, pluie, brouillard, forts vents, feuilles mortes qui dissimulent roches, racines, trous d’eau et sentiers.

Au début septembre, lors de ma traversée du Great Range des Adirondacks, un coureur m’a dépassé dans la descente de Basin. Durant notre courte discussion, il m’a mentionné qu’il accomplissait la Bob Marshall Traverse. J’ai fait quelques recherches sur le site FKT (fastest known time) pour découvrir le trajet.

Le départ est au Johns Brook Lodge (JBL). Big Slide est le premier sommet réalisé en aller-retour puis on se dirige vers Lower Wolfjaw pour entamer le Great Range (Upper Wolfjaw, Armstrong, Gothics, Saddleback, Basin et Haystack). Puis, on va gravir le plus haut sommet des Adirondacks, le mont Marcy. Dans la descente vers le sud, on n’oublie pas Skylight avant de se diriger vers le lac Colden pour aller chercher le sentier Algonquin Trail menant aux 3 derniers sommets de +4000 pieds (Iroquois, Algonquin et Wright). La traversée se termine après la montée-descente du mont Joe situé non loin du Adirondack Loj.

Le Johns Brook Lodge est situé à environ 5km du stationnement le plus près (Garden Parking). Ce stationnement est très loin du Adirondack Loj. J’ai donc planifié une traversée en fastpacking pour retrouver ma voiture à la fin de mon aventure.

Jour 1 : Loj to Lodge (18 km – 904 mètres D+ – 4h15)

Après une semaine de travail et de gardes occupée et après 4h de route, j’arrive enfin au Adirondack Loj. Chargé de mon sac à dos, je débute ma randonnée vers le Johns Brook Lodge à 16h15. La température est confortable pour une journée de fin octobre. Bien que je n’aie aucun sommet à gravir, le sentier ne cesse de monter. Je me dirige tout de même vers le mont Marcy. La pluie se mêle de la partie. Il y a du brouillard. Heureusement, je ne suis pas sur une crête à découvert. La descente qui suit est périlleuse avec les roches glissantes. Je m’égare une seule fois du sentier. En pleine noirceur, avec peu de balises réfléchissantes, j’ai suivi un sentier que plusieurs ont emprunté avant de réaliser eux aussi leur erreur. J’arrive à 20h30 au site de camping rustique près du JBL. La pluie a cessé. La nuit est calme. Le ciel est dégagé et la lune m’offre une certaine luminosité. Je monte mon campement. J’ai opté pour du matériel léger: bivouac de survie, matelas Nemo et sac de couchage Z-pack. J’enfile du linge sec pour la nuit. Ma nuit sera courte. Environ 6h de sommeil. Ou plutôt 6h à basculer entre sommeil, réveil par de petits bruits, oh la lune est belle, un petit pipi, pas confortable, on se tourne de bord… Trace Strava

Jour 2 : Bob Marshall Traverse (50 km – 4600 mètres D+ – 17h40)

Comme je prévois un minimum de 15 heures pour ma traversée et comme je ne veux pas terminer trop tard, mon alarme est prévue à 3h30. Moins d’une heure plus tard, mon campement est rangé dans mon sac, mon déjeuner englouti et j’arrive à mon point de départ. Il est 4h25 quand j’attaque le premier sommet.

Je manque un peu d’énergie dans la montée, j’en retrouve dans la descente avant de me diriger vers les Wolfjaws. Avec tous les obstacles que dame Nature laisse sur le sentier, j’évolue plus lentement que prévu. Je dois composer avec les éléments et continuer à avancer. Le lever du soleil est salutaire. La luminosité m’aide à traverser le Great Range. Je dois être très prudent dans les descentes de Gothics, Saddleback et Basin. Au loin, j’aperçois Marcy et Algonquin dans les nuages. J’espère qu’ils seront dissipés par le temps que j’arrive. Je parle des nuages, bien sûr.

Le mont Haystack me donne un avant-goût de ce qui m’attend sur les plus hauts sommets : forts vents qui me déportent, brouillard et pluie. Mais il fait encore jour. Les cairns et marques jaunes sur les roches sont faciles à repérer. Le même scénario se reproduit sur Marcy et Skylight. J’anticipe ce que ça pourrait être sur Iroquois et Algonquin, à la noirceur avec ces mêmes conditions. J’accélère comme je le peux en me dirigeant vers le Lac Colden puis dans la montée par Algonquin Trail.

Chaque minute compte pour profiter au maximum de la luminosité avant le coucher du soleil. Je calcule chacun de mes gestes. Iroquois. Check. Après, je m’habille plus chaudement étant donné les risques de m’égarer au sommet d’Algonquin. La nuit tombe. Ma lampe frontale ne m’est d’aucune utilité pour l’instant dans le léger brouillard. La pénombre me permet d’apercevoir les hauts cairns. Puis, arrivé au sommet, le vent, le brouillard et la noirceur s’intensifient. Les cairns sont engloutis et disparaissent. Lampe frontale ouverte mais visibilité quasi nulle. J’avance. Mon instinct me dit que je ne suis plus sur le sentier. Je tourne un peu en rond pour finalement tomber sur une marque jaune au sol. J’avance vers une 2e marque jaune. Oupsi. Mauvaise direction, j’ai le vent dans la face alors qu’il doit me pousser dans le dos comme dans la montée. J’évolue ainsi de marque jaune en marque jaune. Je porte attention à chacun des indices sur le parcours : les petites roches qui bloquent des accès et dessinent le chemin afin d’éviter de piétiner la végétation fragile, l’eau qui s’accumule sur le sentier foulé par les randonneurs. Oh! Un cairn. Un signe très évident qui me confirme que je suis sur le bon chemin, tout comme les marques jaunes. Le stress tombe peu à peu. Comme je me sens vivant dans ces situations. J’ai tout de même un GPS sur moi que je ne prévois utiliser qu’en dernier recours. J’arrive enfin à la ligne des arbres. Un peu plus bas dans la descente, il y a le sentier menant au mont Wright. Comme son altitude est plus basse, il ne devrait pas y avoir de brouillard. Mes prédictions sont justes. Mais le vent est des plus intenses. Il siffle. Il tourbillonne. Il me projette sur le côté. Je dois m’accroupir pour ne pas être emporté. Un petit coucou au sommet et je rebrousse mes pas rapidement pour retrouver le sentier principal et terminer ma descente vers le Loj. Maintenant, il ne reste que le petit mont Joe. En fin de longue randonnée, avec la fatigue, il est beaucoup plus ardu que je ne le pensais. Il est presque 22h quand je termine enfin cette longue traversée. Je saute dans ma voiture pour revenir à Sherbrooke. Trace Strava

Avec des amis, je prévois courir le tour du Lac Aylmer (44km) à St-Gérard. Avec un départ à 8h30, ça me laisse que très peu de temps pour dormir. Au final, je ne vais courir que 15km. Une raideur au fessier me contraint à arrêter la course. Je vais compléter le tour en vélo tout en encourageant les coureurs qui puisent dans leurs réserves pour compléter ce marathon improvisé.

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Marathon de Magog – Mon cerveau a disjoncté

La veille de la course, lors du jogging social du samedi organisé par le Club de Course Le Coureur, un ami me parle du marathon de Magog qui aura lieu le dimanche. Des connexions rapides se font dans mon cerveau : je pourrais y participer? Voilà une bonne idée !!!

C’est sûr qu’après avoir complété mon ultramarathon de 160 km au Bromont Ultra il y a seulement une semaine, il aurait été sage de me reposer. Mais, j’ai vécu de belles sensations lors de cette course où je célébrais la course, la nature et l’automne. Ça m’éloignait de mes émotions douloureuses vécues dans les semaines précédentes. Je voulais encore m’immerger dans cet état de bien-être que me procure la course.

Il semble que je ne sois pas le seul à décider de courir un marathon à la dernière minute. L’Olympienne Lyne Bessette, croisée au moment de m’inscrire, parle d’une bulle au cerveau dans la semaine précédant le marathon pour expliquer sa participation au marathon de Magog. Toujours intéressant de piquer une jasette avec ces légendes du sport toujours accessibles.

Photo Patrick Trudeau dans Le Reflet du Lac. On peut y lire Deux « légendes » des sports d’endurance en Estrie: Lyne Bessette et Sébastien Roulier. Merci Patrick de me hisser à ce rang de légende.

Je n’ai aucun objectif de temps précis, mais je me dis que sur ce parcours et dans ma condition, je pourrais viser entre 3h et 3h30. Avec un tel temps, si je vide bien ma vessie avant la course, je devrais même m’en tirer sans pause-pipi qui me fait perdre un temps précieux…et surtout des positions précieuses.

Le marathon de Magog est particulier. Ce n’est pas l’endroit pour réaliser son meilleur temps. Il y a plusieurs côtes qui cassent le rythme. Mais tout est compensé par le super parcours qui nous amène dans le secteur d’Orford avec toutes ses couleurs d’automne.

Le départ est donné à 8h. La température est idéale. Pour faire fi des raideurs dans mes jambes présentes au départ, je mets mes écouteurs et je pars la musique, ce que je fais très rarement dans mes courses. Les chansons de Mötley Crüe, AC/DC, Scorpions, Metallica, Guns N’ Roses et bien d’autres me donneront le rythme pour avaler les kilomètres. Le premier kilomètre a toutes les allures d’une marche. Je me rappelle ma discussion quelques minutes plus tôt avec Lyne où je lui disais qu’à mon âge j’étais plutôt du type diesel : partir lentement jusqu’à ce que s’installe ma vitesse. Mais là, je veux tout de même finir le marathon aujourd’hui. On n’est pas dans un club de randonnée urbaine. J’impose donc un rythme plus rapide dans le premier 5 km de montée, la montée étant ma force lors de la première boucle de 21 km. J’alterne alors entre la première et la deuxième position jusqu’à une longue descente où je me campe dans ma 2e position.

J’ai plutôt rigolé en voyant le leader s’arrêter pour une pause-pipi me permettant de le dépasser. Lorsqu’il revient sur moi au 12e km, je jase avec celui qui deviendra le plus jeune vainqueur de l’épreuve à 20 ans. Je lui raconte qu’un pipi a eu raison de ma première position le weekend précédent. On partage nos CV sportifs. Lui, qui en est à son premier marathon et aspire à faire le Canada Man, est étonné de ma feuille de route : 61e marathon et 53 ultramarathons à mon actif. C’est un jeune super sympathique qui a une belle énergie et tout un potentiel pour le futur. Il a un bel esprit sportif et propose de faire un bout avec moi. Mais très rapidement, je lui indique de faire sa propre course car il est beaucoup plus rapide que moi et la compétition nous talonne derrière.

Photo Courir en Estrie

J’aurai 4 autres occasions de réduire l’écart avec le leader qui semble avoir de gros problèmes de vessie et de côlon aujourd’hui.

Photo Courir en Estrie

Les kilomètres défilent plutôt rapidement. En aucun moment, je ne ressens la fatigue. Mes jambes, par contre, sont un peu plus lourdes dans les montées de la 2e boucle. Toujours 2e depuis un bon moment, à un kilomètre du finish, celui qui occupait la 3e position me dépasse avec conviction. Je terminerai sur la 3e marche du podium en 3h07:33, à une vingtaine de secondes derrière lui et à une minute du vainqueur.

Photo Courir en Estrie

Je suis très fier de ma course. J’ai certainement un terrain génétique me permettant d’enligner toutes ces courses et ces défis. J’ai aussi un talent à la course que j’aime exploiter et qui me permet d’ajouter un marathon non planifié à mon calendrier. Je connais bien mes limites et je sais quand ralentir. On dit souvent que tout se passe entre les oreilles dans les courses comme le marathon et l’ultramarathon. Oui, une tête forte ça aide mais parfois, il faut juste se laisser aller, un peu naïvement, et vivre sa passion pleinement. Et ça donne un marathon sans problème pour descendre les escaliers le lendemain…

Là, je pense bien que c’était ma dernière course de la saison…mais il reste encore de beaux weekends pour des défis…

Merci à La Tribune et à Le Reflet du Lac pour leurs résumés de la course.

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