Adirondacks – Bob Marshall Traverse

Une longue randonnée de 50 km qui passe par les 4 plus hauts sommets des Adirondacks (Marcy, Algonquin, Haystack et Skylight).

Une belle expérience de fastpacking en autonomie complète.

Une température idéale mais bien des obstacles sur le parcours : boue, roches glissantes, pluie, brouillard, forts vents, feuilles mortes qui dissimulent roches, racines, trous d’eau et sentiers.

Au début septembre, lors de ma traversée du Great Range des Adirondacks, un coureur m’a dépassé dans la descente de Basin. Durant notre courte discussion, il m’a mentionné qu’il accomplissait la Bob Marshall Traverse. J’ai fait quelques recherches sur le site FKT (fastest known time) pour découvrir le trajet.

Le départ est au Johns Brook Lodge (JBL). Big Slide est le premier sommet réalisé en aller-retour puis on se dirige vers Lower Wolfjaw pour entamer le Great Range (Upper Wolfjaw, Armstrong, Gothics, Saddleback, Basin et Haystack). Puis, on va gravir le plus haut sommet des Adirondacks, le mont Marcy. Dans la descente vers le sud, on n’oublie pas Skylight avant de se diriger vers le lac Colden pour aller chercher le sentier Algonquin Trail menant aux 3 derniers sommets de +4000 pieds (Iroquois, Algonquin et Wright). La traversée se termine après la montée-descente du mont Joe situé non loin du Adirondack Loj.

Le Johns Brook Lodge est situé à environ 5km du stationnement le plus près (Garden Parking). Ce stationnement est très loin du Adirondack Loj. J’ai donc planifié une traversée en fastpacking pour retrouver ma voiture à la fin de mon aventure.

Jour 1 : Loj to Lodge (18 km – 904 mètres D+ – 4h15)

Après une semaine de travail et de gardes occupée et après 4h de route, j’arrive enfin au Adirondack Loj. Chargé de mon sac à dos, je débute ma randonnée vers le Johns Brook Lodge à 16h15. La température est confortable pour une journée de fin octobre. Bien que je n’aie aucun sommet à gravir, le sentier ne cesse de monter. Je me dirige tout de même vers le mont Marcy. La pluie se mêle de la partie. Il y a du brouillard. Heureusement, je ne suis pas sur une crête à découvert. La descente qui suit est périlleuse avec les roches glissantes. Je m’égare une seule fois du sentier. En pleine noirceur, avec peu de balises réfléchissantes, j’ai suivi un sentier que plusieurs ont emprunté avant de réaliser eux aussi leur erreur. J’arrive à 20h30 au site de camping rustique près du JBL. La pluie a cessé. La nuit est calme. Le ciel est dégagé et la lune m’offre une certaine luminosité. Je monte mon campement. J’ai opté pour du matériel léger: bivouac de survie, matelas Nemo et sac de couchage Z-pack. J’enfile du linge sec pour la nuit. Ma nuit sera courte. Environ 6h de sommeil. Ou plutôt 6h à basculer entre sommeil, réveil par de petits bruits, oh la lune est belle, un petit pipi, pas confortable, on se tourne de bord… Trace Strava

Jour 2 : Bob Marshall Traverse (50 km – 4600 mètres D+ – 17h40)

Comme je prévois un minimum de 15 heures pour ma traversée et comme je ne veux pas terminer trop tard, mon alarme est prévue à 3h30. Moins d’une heure plus tard, mon campement est rangé dans mon sac, mon déjeuner englouti et j’arrive à mon point de départ. Il est 4h25 quand j’attaque le premier sommet.

Je manque un peu d’énergie dans la montée, j’en retrouve dans la descente avant de me diriger vers les Wolfjaws. Avec tous les obstacles que dame Nature laisse sur le sentier, j’évolue plus lentement que prévu. Je dois composer avec les éléments et continuer à avancer. Le lever du soleil est salutaire. La luminosité m’aide à traverser le Great Range. Je dois être très prudent dans les descentes de Gothics, Saddleback et Basin. Au loin, j’aperçois Marcy et Algonquin dans les nuages. J’espère qu’ils seront dissipés par le temps que j’arrive. Je parle des nuages, bien sûr.

Le mont Haystack me donne un avant-goût de ce qui m’attend sur les plus hauts sommets : forts vents qui me déportent, brouillard et pluie. Mais il fait encore jour. Les cairns et marques jaunes sur les roches sont faciles à repérer. Le même scénario se reproduit sur Marcy et Skylight. J’anticipe ce que ça pourrait être sur Iroquois et Algonquin, à la noirceur avec ces mêmes conditions. J’accélère comme je le peux en me dirigeant vers le Lac Colden puis dans la montée par Algonquin Trail.

Chaque minute compte pour profiter au maximum de la luminosité avant le coucher du soleil. Je calcule chacun de mes gestes. Iroquois. Check. Après, je m’habille plus chaudement étant donné les risques de m’égarer au sommet d’Algonquin. La nuit tombe. Ma lampe frontale ne m’est d’aucune utilité pour l’instant dans le léger brouillard. La pénombre me permet d’apercevoir les hauts cairns. Puis, arrivé au sommet, le vent, le brouillard et la noirceur s’intensifient. Les cairns sont engloutis et disparaissent. Lampe frontale ouverte mais visibilité quasi nulle. J’avance. Mon instinct me dit que je ne suis plus sur le sentier. Je tourne un peu en rond pour finalement tomber sur une marque jaune au sol. J’avance vers une 2e marque jaune. Oupsi. Mauvaise direction, j’ai le vent dans la face alors qu’il doit me pousser dans le dos comme dans la montée. J’évolue ainsi de marque jaune en marque jaune. Je porte attention à chacun des indices sur le parcours : les petites roches qui bloquent des accès et dessinent le chemin afin d’éviter de piétiner la végétation fragile, l’eau qui s’accumule sur le sentier foulé par les randonneurs. Oh! Un cairn. Un signe très évident qui me confirme que je suis sur le bon chemin, tout comme les marques jaunes. Le stress tombe peu à peu. Comme je me sens vivant dans ces situations. J’ai tout de même un GPS sur moi que je ne prévois utiliser qu’en dernier recours. J’arrive enfin à la ligne des arbres. Un peu plus bas dans la descente, il y a le sentier menant au mont Wright. Comme son altitude est plus basse, il ne devrait pas y avoir de brouillard. Mes prédictions sont justes. Mais le vent est des plus intenses. Il siffle. Il tourbillonne. Il me projette sur le côté. Je dois m’accroupir pour ne pas être emporté. Un petit coucou au sommet et je rebrousse mes pas rapidement pour retrouver le sentier principal et terminer ma descente vers le Loj. Maintenant, il ne reste que le petit mont Joe. En fin de longue randonnée, avec la fatigue, il est beaucoup plus ardu que je ne le pensais. Il est presque 22h quand je termine enfin cette longue traversée. Je saute dans ma voiture pour revenir à Sherbrooke. Trace Strava

Avec des amis, je prévois courir le tour du Lac Aylmer (44km) à St-Gérard. Avec un départ à 8h30, ça me laisse que très peu de temps pour dormir. Au final, je ne vais courir que 15km. Une raideur au fessier me contraint à arrêter la course. Je vais compléter le tour en vélo tout en encourageant les coureurs qui puisent dans leurs réserves pour compléter ce marathon improvisé.

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