En chiffres :
Toujours à la recherche d’aventure, mon (très) récent intérêt pour le ski de randonnée m’a amené sur le chemin d’un (autre) défi hors norme.
C’est dans le cadre de l’événement Ski Ta Vie que j’ai réalisé un 24h non-stop de rando alpine pour cumuler le plus de montées (et descentes) du Mont Giroux dans le massif du Mont Orford.
Lors des automnes de 2015 à 2017, j’ai réalisé des défis de 24h à la course en gravissant le sommet du Mont Orford. Ayant réalisé un record personnel de 27 montées-descentes soit 13 250 m de dénivelé positif, l’idée folle m’était passée par la tête de réaliser un défi semblable durant l’hiver. C’est finalement avec des bottes et des skis dans les pieds plutôt que des souliers de course que j’ai entamé ce challenge.
Fait intéressant, à travers le monde, plusieurs adeptes de skimo réalisent ce qu’on appelle le « 24h Uphill Challenge ». Il suffit de trouver une pente enneigée et de la monter à répétition pour cumuler le plus de dénivelé positif en 24h. Le record mondial est détenu par nul autre que Kilian Jornet avec près de 24 000 mètres d’ascension.
L’événement Ski Ta Vie pour lever des fonds pour 4 fondations de la région, qui avait lieu le weekend du 11-12 mars, était idéal pour concrétiser mon projet. Alors que la montagne n’offre pas de ski de soirée, lors de ce weekend, on illumine quelques pistes et on permet aux skieurs (ski alpin ou ski de rando) de profiter de la montagne pendant 24 heures.
Je suis un adepte du ski de rando que depuis le mois de février de cette année. J’ai tout de même cumulé 420 km et 35 000 mètres de D+ dans le mois précédent mon départ. Je comptais sur mon bagage d’ultra-marathonien pour mener ce défi. Je devais bien me préparer même si ma décision de participer à Ski Ta Vie n’a eu lieu que 10 jours avant le coup d’envoi. Alors qu’on invite les gens à réaliser le plus de montées en équipe, les organisateurs m’ont permis de le faire en solo. Un défi à ma mesure.
Comme j’ai un bon volume d’entraînement à la course (6500 km par année), je peux résumer ma préparation à 3 éléments :
- La température : J’ai scruté Météomédia pour connaître les conditions météo. Par chance, aucune précipitation n’était prévue durant le 24h. On prévoyait tout de même une grande variation de température. La gestion de l’habillement sera primordiale.
- L’alimentation : L’énorme dépense d’énergie durant les 24 heures doit être compensée par un apport calorique régulier.
- L’équipement : Le succès de ce défi repose sur des skis, des bottes, des peaux et des bâtons en bon état.
Pour plusieurs, la préparation mentale fait partie de l’équation. Avec tous mes défis réalisés par le passé, je n’avais aucune inquiétude à me lancer dans cette aventure même si j’anticipais être seul la majorité du temps et même si j’étais pour répéter le même parcours comme un hamster dans sa roue qui tourne.
Pour limiter mes déplacements dans mes transitions à la base, les organisateurs m’ont trouvé un petit coin dans une tente gonflable là où les bénévoles feront le compte des montées-descentes des équipes de randonnée alpine. J’y laisse mon sac de vêtements et mon sac-glacière rempli de nourriture. Ce lieu allait devenir ma base de vie pour le prochain 24 heures.
3-2-1 Go
C’est sous un soleil radieux que je débute mon défi. J’emprunte la piste d’ascension en bordure de la piste de descente, La Familiale. Environ 1.5 km de montée. Je ne le savais pas à ce moment, mais cette piste sera mon sentier d’ascension pour les 43 montées. Initialement, je prévoyais faire environ 8 heures sur chacun des 3 sommets.
Je change mon planning assez tôt dans mon défi. Quand je réalise que le rythme de 20-25 minutes de montée suivi de 5 minutes de transition et de descente est parfait au niveau de la gestion de l’effort et de la chaleur/refroidissement, j’opte de rester sur ce sommet. Aussi, c’est le seul versant qui sera illuminé dans la nuit. Donc, pas besoin de me fier à ma frontale dans la descente. Avec la fatigue qui va se pointer, je veux une certaine sécurité dans mes descentes.
À chacun de mes retours à la base de vie, je suis accueilli par des bénévoles qui note mon arrivée. Ces bénévoles seront précieux tout au long de mon défi. Ce feeling de retrouver des gens comme je l’ai souvent vécu lors de mes ultra-marathons où je cours de nombreux kilomètres tout seul et qu’enfin un ravitaillement se pointe sur mon parcours. J’ai même l’impression qu’ils sont là que pour moi. Malgré le froid qui s’installe dans la nuit, ils sont fidèles au poste, toujours avec le sourire. Ils ont la gentillesse de m’offrir du café. C’est banal mais quand tu sais qu’au retour de ta montée-descente il y aura un café tout chaud, c’est motivant.
L’essentiel : le moment présent.
Je suis à l’affût de mes sensations. Je fais de nombreux body scan. Aucune douleur inquiétante. Dans la montée, je n’ai ni trop chaud ni trop froid. Je garde les mêmes vêtements. La dernière descente est plus fraîche et je prends plus de temps à me réchauffer dans la montée suivante. Il est temps d’ajouter un short isolant par-dessus mon pantalon. Tout au long de la nuit, j’ajuste mon habillement. J’en fais autant lorsque le soleil et la chaleur reviennent.
Il est maintenant temps de manger, de boire. Heureusement que la chaleur de la journée a permis de conserver ma bouffe au chaud pour un certain temps. Mais en pleine nuit, les barres sont devenues plus dures et les liquides, en slush.
Maintenant, un pépin avec ma fixation. Il y a de la glace qui l’empêche de bien se fermer sur ma botte. Je perds mon ski dans la montée. Prudence dans la descente. J’adresse le problème avec la boutique de réparation de la montagne.
Je suis en constante adaptation à mon environnement.
La nuit reste toujours un moment difficile. Le corps envoie des signaux. « Heille !!! Va te coucher ». Les repères sont différents. La fatigue du défi s’accumule. Mais ce n’est pas trop difficile à gérer. Je fais le décompte des heures avant le lever du soleil. Une montée de plus. J’ai la chance d’évoluer sous un ciel dégagé, étoilé avec une lune qui m’accompagne durant mes montées.
L’aurore apparaît. Enfin !!! La naissance d’une nouvelle journée. Ce sera plus actif sur le site de l’événement.
Et le compte de mes montées-descentes continue à grimper. Je suis un peu plus lent mais j’atteins tout de même des cibles intéressantes comme l’altitude du Mont Everest (un Everesting en 17h30) ou encore mon objectif de 40 montées ou 10 000 mètres de D+.
Mais, toute bonne chose a une fin.
Maudit que j’ai hâte d’enlever mes bottes.
Défi sportif
Your growth begins at the edge of your comfort zone
Survivor 2023
J’ai exploré là où la course m’a mené. Sur routes ou en sentiers, souvent dans les montagnes, en poussant des adultes ou mes enfants, sur des distances pouvant aller du marathon à des parcours de plus de 400 km. La course à pied m’a permis de réaliser plusieurs aventures, de repousser mes limites. Mes défis hors normes, tous ces kilomètres pour vivre l’inconfort et finalement me sentir encore plus vivant. Ou, tout simplement parce que j’en ai le potentiel.
Maintenant, c’est aussi avec des skis de randonnée que je peux vivre de nouvelles expériences. Un transfert d’activité qui permet de reposer mes muscles de course pour en développer d’autres. Je peux inscrire de nouvelles réalisations et surtout de nouveaux objectifs. J’ai trouvé une belle façon de profiter de l’hiver.
Bonne fin de saison de ski.
Profitez bien du printemps qui s’en vient.
Sébastien (www.sebastienroulier.com)
Bravo Sébastien pour cet autre accomplissent hors norme ! Ta gestion a été très bonne pour un sport que tu comnençais. Impressionnant