Dès la sortie du train on y voit un lapin sculpté en bois!!? J’apprendrai qu’il s’agit de l’endroit où la vraie Alice, l’inspiration de Lewis Carroll, passait ses vacances. C’est au pied du Great Orme que je vais passer les prochains jours. On est jeudi 16h à mon arrivée. Je suis fatigué. Je n’ai pas bien dormi durant le voyage. Ce n’est pas le temps de dormir non plus si je veux m’habituer à ce fuseau horaire. Je rencontre la plupart des athlètes de Team Canada et nous partons pour un petit jogging d’environ une heure. Je me sens déjà mieux. Libre de bouger. Tous mes sens sont sollicités. Ensuite, une petite réunion d’équipe, un souper et puis dodo.
La journée suivante débute par un petit jogging léger sur la Promenade. De toute beauté. Je me promets d’aller tremper mes pieds dans l’eau d’ici la fin du voyage. Mais pour l’instant, il faut se préparer pour la cérémonie d’ouverture. Elle a lieu à Cymru Venue. Dans le hall, on y fait la connaissance de plusieurs athlètes de différents pays, dont le gagnant de 2011, Éric Clavery. Au total, 18 pays sont représentés pour la course qui aura lieu le lendemain. Il s’agit d’un championnat individuel mais aussi d’équipe. Les 3 meilleurs temps de chaque pays sont compilés pour le classement. C’est dommage, mais le 3e homme du Canada s’est blessé il y a 1 mois. Tout le processus est très officiel avec la présentation des pays et les discours. Nous entrons dans l’amphithéâtre précédé d’un élève qui tient une pancarte où on aurait dû lire « bienvenue ». La traduction du « welcome » gallois a plutôt donné « accueil »…Dès la cérémonie terminée, des autobus nous amènent à Llanrwst, la ville au pied de la forêt de Gwydyr, notre terrain de jeu pour le lendemain. La course relie un petit pont vers la forêt sur 1km. Puis nous effectuons une boucle de 15km que nous répétons 5 fois pour ensuite retourner vers le pont. Au total, ce sera 77 km de course, près de 3000m D+. On en profite donc pour explorer le début et la fin du parcours. Rapidement, on réalise que la montée sera abrupte et longue. Étrangement, les sentiers, les arbres, les dénivelés ressemblent à certains endroits au Québec. De plus, on aura droit à la météo du Québec : chaleur (27-30°C) et humidité. Moi qui espérais des nuages et de la bruine…
J’y rencontre des francophones…3 Belges. On avait déjà eu un contact avec eux avant la cérémonie, mais disons qu’ils n’avaient pas trop apprécié que l’autre coureur canadien confonde leur drapeau avec celui de l’Allemagne. Plus tard dans la journée, nous aurons un dernier meeting avant de se coucher. Ensuite, j’en ai profité pour me mettre à jour avec la technologie; Skype m’a permis de parler à mes enfants et Stéphanie.
Samedi 6 juillet. Déjà la journée de la course. Des autobus nous amène au point de départ. Puis, les coureurs sont réunis dans un cercle de pierre. Chacun des pays se dirige ensuite vers le point de départ. Il y avait 120-130 inscrits. Finalement, nous serons 106 au départ soit 58 hommes, 48 femmes. Je me retrouve près de la délégation Grecque. Ils sont chanceux, ils ont l’un des grands coureurs longue distance comme modèle : Yannis Kouros. Le coup d’envoi est donné à 9h. La compétition se fait sentir mais le rythme est bon. La montée est effectivement abrupte mais certaines descentes aussi. Fait inusité dans une course en forêt : nous pouvons laisser nos déchets par terre, tout le long du parcours. Les 3 premiers tours se déroulent bien. Je cours avec des Italiens, des Français, des Argentins… Il y a beaucoup de supporters Français qui m’encouragent dont un qui me désigne comme « mon Canadien préféré ». Mais les montées et (surtout) les descentes répétées provoquent des crampes dans mes ischios lors des descentes suivantes. Trente km avec des crampes qui viennent et qui partent. Je ne me sens pas déshydraté, il y a beaucoup d’eau sur le parcours. La tête est là également. J’entreprends mon dernier tour avec Massimo de l’Italie. Dans les montées, je le devance…dans les descentes, il me rattrape. Nous jouons à ce jeu durant toute la boucle. J’en profite tout de même pour remercier les « marshalls » et les bénévoles. À plusieurs reprises ont me mentionne que j’ai encore un sourire…C’est sûr, je sais que je vais finir cette course relevée. Le dernier kilomètre est en descente…sur l’asphalte…Massimo me rejoint…Je l’encourage à terminer en force. Comme il n’y a pas de coureur derrière nous, il me propose de terminer la course ensemble. Je le laisse prendre son drapeau et nous passons le fil d’arrivée main dans la main, les bras levés. Je termine le parcours en 6h45 au 30e rang chez les hommes et le 31e rang parmi les 100 athlètes ayant complété le parcours.
C’est maintenant le temps de récupérer. Je mange, je bois et je vais me baigner dans la rivière à proximité. Mes déplacements ne sont pas très fluides…Quand tous les coureurs Canadiens ont franchi le fil d’arrivée, nous quittons pour retourner à Llandudno. En soirée, ce sera la cérémonie de clôture, la remise des médailles, un repas et le party d’après-course.
Le lendemain, j’en profite pour bouger « un peu ». J’ai l’impression de mieux récupérer d’une course de cette façon. Quelques coureurs Canadiens ont déjà quitté pour visiter Londres. Moi, j’en profite pour visiter un village voisin, Conwy et son château. Pendant 2-3h, je vais monter et descendre des escaliers en colimaçon dans les différentes tours du château, marcher sur la muraille qui entoure Conwy et sur son quai. Au retour, j’arrête à la gare de Llandudno pour m’informer de l’horaire des trains du lundi matin. Puis, je me dirige vers la Promenade. Il y a foule sur le bord de l’eau. Des familles qui jouent dans l’eau, des plus vieux qui dansent en ligne, des plus jeunes qui regardent un spectacle de marionnettes. Comme voulu, je me trempe les pieds dans l’eau. Ensuite, je vais me promener sur le long quai qui avance très loin dans l’eau. C’est un endroit de rêve pour les enfants car sur ce quai, il y a des jeux de type fête foraine. Mes enfants auraient adoré. Il y a un autre endroit que je voulais explorer. Après le souper, je m’aventure dans l’ascension du Great Orme. Il y a des points de vue exceptionnels. Au loin j’aperçois le Conwy Castle, des éoliennes dans la mer d’Irlande, le coucher du soleil… Dans les champs, les chèvres et les moutons remplacent nos vaches, les lapins remplacent nos écureuils et nos marmottes. Mon périple aura duré 2h et je reviens à la tombée de la nuit.
Une longue journée s’annonce. Pour le retour, je devrai prendre le train à 6h30, puis l’avion vers Amsterdam et un autre avion vers Montréal et enfin l’aéronavette vers Sherbrooke. J’arrive à Sherbrooke à 20h. Enfin !!! Très heureux de retrouver mes enfants et Stéphanie.
Les Mondiaux de trail auront été une belle opportunité de me mesurer à l’élite. Je connais bien mes faiblesses et je vais les travailler pour être prêt lors de prochains Mondiaux…car j’ai bien l’intention de participer à nouveau. Au-delà de la compétition, j’ai apprécié l’aspect humain présent lors d’un tel événement. Les rencontres, les interactions, l’esprit d’équipe, la camaraderie, des nouvelles amitiés.
Je tiens à remercier toux ceux qui m’ont encouragé. Également ceux qui m’ont soutenu dans ce projet : CourirEnEstrie.com et la Boutique Le Coureur. Mais surtout merci à mes supporters #1 : Stéphanie, Mathieu, Noémie et Samuel.
Maintenant, un autre gros défi s’annonce : VT 100. Un départ à 4ham samedi le 20 juillet…pis y va faire chaud !!!! Du plaisir et de la souffrance au menu… Mais j’aurai une équipe de soutien motivée et pleine d’énergie : Sergio Castano et sa copine, Lysa et Guillaume Cabana.