Parfois, j’ai des objectifs de vitesse et de temps. Pas souvent car toutes mes pensées sont alors trop orientées sur les splits et les min/km. Mais, comme je veux faire partie de l’Équipe Canadienne pour de prochains Championnats Mondiaux de Trail, je dois, de temps à autre, viser un temps rapide.
La course de 80km du Salomon Trail Running Festival at Pineland Farms à New Gloucester au Maine le 29 mai dernier était une course ciblée pour courir vite. Le parcours de 1525m D+ semble facile à première vue. Mais les sentiers sans cesse ondulants deviennent tout un défi dans la 3e boucle du parcours, du moins, c’est mon souvenir d’il y a 2 ans quand j’avais gagné la course en 6h22. Pour cette année, je visais un temps semblable.
La veille de la course, la chaleur est étouffante. Heureusement, on annonce une température plus fraîche le lendemain matin. Je réussis à bien dormir dans mon mini-van malgré la chaleur qui y règne. Plus la nuit avance, plus la fraîcheur s’installe, si bien qu’au matin, nous avons un ciel couvert et une température confortable pour débuter la course.
Dès le départ, je me positionne en tête. Je ne suis pas seul par contre. Un jeune coureur de 18 ans du Massachussetts est à mes côtés. Après quelques kilomètres, nous débutons une conversation qui durera bien plus longtemps que je ne le croyais à ce moment. À quelques occasions, je fais des accélérations. Mais à chaque fois, il répond à celles-ci. Je décide alors de rester avec lui. Pourquoi me mettre la pression de compétition quand je vise un temps pour un standard canadien? À deux, nous pouvons nous entraider mutuellement à maintenir la cadence. Et la cadence est assez rapide… mais très confortable : 4:30min/km, ce qui correspond à un temps final de 6h. Nous passons la distance marathon en 3h06. Nous survolons le parcours. Chacun attend l’autre dans les ravitaillements. Il ne semble pas faiblir. Moi non plus.
Mais, au début de la 3e boucle, après 55 km à maintenir cette cadence de 4:30/km, mon corps proteste. Je vois alors mon nouveau compagnon de course filer au loin. Comme dans un marathon où on n’a plus de force dans les jambes et qu’on perd contact avec le groupe. Souvent, on se fait rattraper aussi. Mais, pas aujourd’hui, car mon avance sur le reste des coureurs est très importante. Chaque kilomètre me prend une minute de plus maintenant. Je suis étourdi dès que j’essaie de faire un effort en montée. J’ai peut-être négligé mes apports en glucides. Mais, la vraie bataille commence. Un pas à la fois. Un kilomètre à la fois. Gruger la distance. De plus en plus près de la fin. Et je traverse la ligne d’arrivée en 6h25, à 11 minutes du vainqueur.
Cette fois, pas de rando-course sur mon retour. J’y ai quand même songé car Pinkham Notch et le Mont Washington n’étaient pas trop loin sur mon chemin.
Concernant la sélection pour les Championnats Mondiaux, je le saurai à la fin juillet. Une course au Nord du Portugal au Parc National Peneda Gerês à la fin octobre…
Mais, mon objectif principal de la saison est l’UTMB (Ultra-Trail du Mont-Blanc) à la fin août : 170km et 10 000m de dénivelé positif (D+). Mes récents doublés lors du marathon de Boston et du North Face Endurance Challenge avaient pour but de m’y préparer. Les 3300km déjà accumulés cette année m’aideront aussi. Et ce qui s’en vient durant le weekend de la Fête Nationale m’y préparera encore plus. 
L’Ultra-Trail du Mont-Albert en Gaspésie avec une participation à L’Ultra Sky Marathon de 100km et 6000m D+ le samedi et le Sky Marathon de 42km et 2000m D+ le dimanche. Une belle façon aussi de découvrir les Chics-Chocs. De belles aventures en perspective. Merci à l’équipe Land’s End Expedition Racing pour cette belle invitation.
Sébastien
