Le vent tourne

12 janvier 2015. Assis devant mon ordinateur. J’hésite. Et puis, j’appuie sur « enter ». Mon inscription pour le Vermont 100 Mile Endurance Run est faite. Dans 6 mois, je serai au Vermont pour la course de 160km. Mais là, je ne suis vraiment pas prêt pour courir ce genre de course. Je viens même de prendre la décision de mettre une croix sur les Championnats Mondiaux de Trail à Annecy.

Certains diront que parfois il faut faire un pas en arrière pour mieux avancer. Reculer pour mieux sauter !!! Une blessure chez un athlète est souvent une bonne raison pour prendre un temps d’arrêt. Le corps nous parle. Et lorsque la guérison survient les gens annonceront qu’ils sont revenus sur le chemin. Cet hiver, j’ai eu à gérer une blessure au bassin. J’ai eu la sagesse de changer mes entraînements et mes objectifs non pas pour prendre du recul mais plutôt pour poursuivre sur un autre chemin. Continuer à avancer. Explorer ce chemin. Sans connaître la destination. C’était mon nouveau défi. Une étape à franchir qui allait mieux me définir comme coureur et comme personne. Jamais je ne reviendrai sur l’ancien chemin. De nouvelles données, de nouvelles sensations, une nouvelle façon de voir la course m’amène inévitablement sur une autre voie.
En raquettes, sur des skis ou sur un elliptique, j’ai continué à bouger. En marchant et en trottinant, j’ai continué à avancer. Le temps a passé et les blessures aussi. Il reste une certaine fragilité mais mon pas s’est accéléré.


Et puis, le vent a tourné. Et le vent, il a soufflé cette journée-là. Mon défi dans les Montagnes Blanches à la mi-mars. Un point tournant dans ma saison. Depuis, toutes les pièces du puzzle s’assemblent. Aller toujours plus haut et plus loin, atteindre mes objectifs, avoir du succès dans mes défis mais surtout retrouver le plaisir de courir et continuer à explorer ce que la course peut m’offrir.

  • Retrouver des sensations de vitesse : N’ayant fait aucun entraînement d’intervalles et de vitesse durant l’hiver, je considérais mon marathon de Boston comme un long tempo de 42km. Objectif atteint en 2h48.
  • Des opportunités à saisir : Finalement, j’ai décidé de participer aux Championnats Mondiaux de Trail à Annecy en France en mai. Une décision que je ne regrette aucunement.
  • Des rencontres : Un incontournable: le Trail La Clinique du Coureur à Lac Beauport. Une fête de la course en sentiers pour tous. Un beau weekend de camping avec mes enfants pour profiter des sentiers de la région.
  • S’impliquer dans des projets : Au-delà du rôle pour lequel on m’avait approché. De la Présidence d’honneur au Défi Félix Deslauriers-Hallée, un événement en collaboration avec la Fondation Québécoise du Cancer, je me suis investi dans le Comité Organisateur pour contribuer au succès de cet événement. 11720453_10153397465703503_543793335_nJ’ai participé aux différentes épreuves sportives. J’ai fait sourire les jeunes enfants en étant leur lapin meneur d’allure lors de la course de 1km. J’ai partagé mon vécu de coureur lors d’une conférence. L’événement aura eu un bon succès avec la participation de plus de 700 personnes permettant d’amasser près de 40 000$ pour le Programme à Félix de la Fondation.
  • Des limites à explorer : Participation au Demi-marathon de Sherbrooke (complété en 1h17) alors qu’une heure plus tard, je prenais le départ du 5km de Sherbrooke (complété en 17:02) malgré une sortie de 50km dans la PemiLoop (Montagnes Blanches, NH) deux jours auparavant.
  • Le plaisir de courir : Courir à nouveau des entraînements de groupe avec le Club de Course Le Coureur et le Club de Trail Le Coureur. Une dose de social qui me manquait cet hiver et avec laquelle je renoue maintenant que mes douleurs sont moins présentes.

 

Et puis, le Vermont 100

VT100-FINAL_race_croppedC’est avec tout ce bagage intéressant depuis la mi-mars que je me suis retrouvé à West Windsor au départ de la 27e édition du Vermont 100 Mile Endurance Run à 4h du matin le 18 juillet dernier. J’étais plutôt confiant et planifiait courir à mon rythme en visant un temps tout près de 15 heures. J’avais une bonne équipe avec moi : 11774325_10152946466116837_1771873414_nFrançois comme chauffeur et Julien comme pacer. Je les verrai à différents endroits sur le parcours. 160km, c’est long. Une succession de bons et de moins bons passages. Et pour me rappeler que d’autres vivaient des épreuves plus importantes, je m’étais tatoué la coccinelle de Leucan sur la joue et la main gauche. Ma main droite sera occupée toute la journée avec une gourde.

Courir à la noirceur. C’est le moment que je préfère. Peu de distraction. Que le faisceau de lumière qui illumine mon chemin. Quelques bruits aussi mais j’entends surtout ceux de mes pas. Je me retrouve avec Brian Rusiecki en tête et nous jasons de l’UTMB (Ultra-Trail du Mont Blanc), une course sur mon calendrier de 2016 que lui a fait en 2014. Dès la première longue montée, je maintiens ma vitesse et distance tous les coureurs. Et puis, plus aucune lumière derrière moi. Déjà seul en tête !!! Mais je cours léger et me sens bien. Je veux profiter de la fraîcheur car je sais que dans la chaleur et l’humidité de l’après-midi, je vais ralentir. Mes arrêts aux différents ravitaillements sont rapides et efficaces. Cette année, j’ai décidé « to keep it simple ». Je prends une nouvelle gourde à main avec ma boisson ProCircuit X1 + BCAA et prend mes gels X4 carb pour ensuite prendre quelques fruits. Et hop je suis reparti. Mon allure est bonne et mes temps de passage aux principaux ravitaillements sont exactement ce que je prévoyais.

60991306-VT100_1483Camp 10 Bear. 75 km en 6h30. Parfait. J’atteindrai la mi-parcours en 7h05. Mais les jambes commencent à être lourdes et ma foulée est moins bondissante qu’au début. La boucle qui relie les deux Camp 10 Bear est toujours la plus difficile pour moi. Un violent orage rendra mon parcours intéressant. Et quand je reviens une deuxième fois au Camp 10 Bear, le futur vainqueur m’aura dépassé quelques kilomètres auparavant soit vers le 105e kilomètre. Je fais alors mon arrêt le plus long de la course pour changer de souliers. Un 5 minutes bien investi.
Mon pacer, Julien peut maintenant m’accompagner. Je reprends de la vitesse en sillonnant les routes et les sentiers avec lui. Mais les impacts répétés sur les routes de terre sont plutôt douloureux. Les montées sont lentes. Je perds de la vitesse encore. Le soleil et l’humidité se pointent. Je suis vraiment tanné de ces routes de terre. Difficile de se retrouver dans sa zone. J’arrive finalement 3e au ravitaillement Bill’s; Brian Rusiecki m’ayant dépassé un peu avant avec son pacer. Par contre, je ne perds aucunement mon sourire surtout que j’y croise deux amis de la famille Stone Cat, Marty et Paul. Je quitte le ravitaillement. Vingt kilomètres à courir encore. Plein d’énergie et je ne veux pas perdre ma place sur le podium. À quatre kilomètres de la fin, à Sargent’s, Julien en profite pour remplir ses gourdes mais moi je continue. Je réalise que j’ai finalement besoin de ce moment seul. J’ai tout de même couru 112km fin seul au début. Je retrouve une certaine vitesse et ma foulée est meilleure. Julien me rattrape alors qu’il ne reste qu’un mille.

11777938_10152946465661837_1397490978_n11778131_10152946465556837_857012936_nFinalement, je vois l’arche de la fin. J’aurai atteint mon objectif de terminer avant la noirceur. Il est 19h42. 15h42 pour parcourir 160 km. Une amélioration de 64 minutes par rapport à l’an passé. Une belle 3e place tout juste derrière l’un des meilleurs coureurs de la Nouvelle-Angleterre.

Poussé par le vent

logo-courirC’est maintenant avec l’ajout de ce succès que je vais entreprendre mon prochain défi : Courir pour Leucan du Mont Orford au Mont Everest en 24 heures. Un défi où je vais monter le Mont Orford (Orford, Qc) à répétition pour accumuler l’altitude de près de 9 000m du Mont Everest. Une belle aventure de 20 montées (et descentes). En la fractionnant, elle deviendra plus facile, comme mon Vermont 100. Il y aura certainement des hauts et des bas, des imprévus. Je vais alors m’adapter. Par contre, je sens que je serai inspiré et transporté tout au long du 24 heures.

Venez, vous aussi au Mont Orford pour m’encourager, faire quelques montées et donner généreusement pour Leucan.

Sébastien

www.sebastienroulier.com

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