Virgil Crest 100 miles Ultramarathon : Run Hard vs Run Free

VCU

Le Virgil Crest 100 miles est l’un des ultramarathons les plus difficiles en Amérique du Nord

Difficile par son dénivelé. Près de 23000 pieds de dénivelé positif. Le Mont Everest, c’est 29000 pieds.
Difficile par le type de sentiers empruntés. Des single track, des roches et des racines et même des pentes de ski alpin à monter et à descendre.
Un parcours modifié par rapport aux 6 autres éditions mais aux dires du directeur de course lui-même, Ian Golden, le plus difficile de tous les Virgil Crest et un des plus longs… 101.6 miles.
Difficile mentalement aussi. Plusieurs ont abandonné cette course parce qu’à la mi-parcours, on retourne au point de départ et on y retrouve tout le confort. Les coureurs viennent alors d’évoluer sur un trajet de 40 km à l’aller pour revenir ensuite par les même sentiers au point de départ. C’est 50 miles de parcouru en sachant très bien ce qui s’en vient. Et pour plusieurs, il ne reste que une ou deux heures d’ensoleillement.
Et il faut faire attention aussi. Le directeur de course permet aux coureurs du 100 miles d’être sur la liste des finishers du 50 miles s’ils abandonnent à 50 miles ou après.
Il y a des limites de temps à respecter aussi. Tout au long de la journée, il y a des cut off à atteindre sinon, la course est terminée. Les coureurs ont un maximum de 36 heures pour compléter le parcours. La majorité des 100 miles, c’est 30 heures.
Et lorsqu’on regarde les temps victorieux, c’est entre 21 et 23 heures. Au Vermont 100, on est loin dans le classement avec ces temps.
Le Virgil Crest Ultras semble être la bête noire pour plusieurs coureurs. À chaque année, plusieurs débutent la course mais seulement la moitié des coureurs complètent l’épreuve.

Dénivelé du parcours... à répéter 2 fois

Dénivelé du parcours… à répéter 2 fois

Bien choisir son défi (REW jusqu’à la mi-août)

Ma prochaine course sera le 80 km de La Chute du Diable dans 2 semaines. Après, mon calendrier est vide jusqu’au XTrail de Orford le 18 octobre. Fin septembre serait un bon moment pour courser. J’ai plusieurs options. Marathon sur route, ultramarathon en sentiers ou course de 24 heures sur piste. J’hésite. Vitesse comme à Boston, sensations d’un 100 miles comme au Vermont ou peut-être courir un autre 50 miles ou découverte sur piste… Marathon de Montréal, Virgil Crest Ultras, Vermont 50 ou Self Transcendence. Toutes des courses à proximité de Sherbrooke.

Avec le temps, j’ai appris à écouter mon corps et à suivre mon intuition. Depuis un an, je traîne une douleur à l’aine droite. Les adducteurs. Ma biomécanique n’est pas parfaite. Je ressens souvent une lourdeur mais c’est tolérable. Je dois cependant être prudent lorsque je fais de la vitesse, quand l’enjambée est allongée et lors des descentes. Aussi, au fil de mes entraînements et de mes courses, j’ai noté avoir besoin d’une bonne période de réchauffement pour être à l’aise dans ma foulée. Et l’asphalte, ça cogne plus. En considérant cela, j’élimine le marathon et la course sur piste. Dans les courses en sentiers, il y a aussi un défi personnel dans les Sentiers de l’Estrie qui m’intéresse mais comme c’est la période de chasse à l’arbalète, j’abandonne l’idée assez rapidement.

Mon choix s’arrête sur le Virgil Crest Ultras pour 3 raisons : revivre les sensations d’un 100 miles, affronter un dénivelé imposant pour me préparer graduellement à l’UTMB… un jour… et il y a possibilité d’abandonner à la mi-parcours et d’avoir un temps pour le 50 miles.

No crew, No pacer (FFWD 10 jours avant la course)

Je dois maintenant planifier ma course. Quelle devrait être ma vitesse? En explorant les temps sur 50 miles et 100 miles des éditions antérieures, j’en viens à la conclusion que 9 heures pour le premier 50 miles et 11 heures pour le deuxième serait raisonnable. Avec un départ à 6h du matin, je serai à la mi-parcours vers 15h et j’aurai fini à 2h du matin. Avec ces prévisions, il est évident que je serai dans les meneurs. Mais un 100 miles, c’est long et beaucoup de choses peuvent arriver.

Je choisi de faire la course en solo. Pas à la Joan Roch par contre. J’ai besoin d’apport régulier en glucides durant mes courses. Je dois donc bien planifier mes drop bags. Le parcours offre 6 ravitos pour le segment de 40 km. Tous les ravitos acceptent les sacs. Pour éviter d’avoir trop de sacs sur le parcours et perdre beaucoup de temps à fouiller dedans, je décide que le Hurt Locker sera mon ravito principal. J’y passerai 4 fois. Je laisserai aussi un sac à la mi-parcours c’est-à-dire à l’aire de départ. Ainsi, j’aurai accès à mes effets à tous les 27-28 km, soit environ aux 3 heures. Gels, boisson sportive, nourriture, linge, lampe frontale, bâton. Tout y est.

Et sur moi? Que vais-je transporter? J’opte pour ma veste UltrAspire Alpha. Un litre d’eau dans la poche dorsale, un flasque de gels et des électrolytes dans les poches avant et une bouteille à la main pour la boisson sportive. Pour mon linge de départ, on verra les prévisions météo.

No sleep (FFWD 2 jours avant la course, le jeudi)

La météo sera bien. Un peu plus chaud que les derniers jours. J’amène quand même cache-cou, gants, cache-oreilles et des manchons pour les bras. Tout est déjà prêt pour mon départ prévu le vendredi.

Ce 100 miles, sera une belle journée à courir. Ce sera aussi courir une bonne partie de la nuit, comme passer une nuit blanche à la course. Pour être bien reposé, j’ai échangé ma garde du jeudi pour celle du mardi… Eh bien, cette dernière a été très très occupée. J’ai passé une nuit blanche à m’occuper d’un enfant malade. Et le jeudi, je ressens encore toute cette fatigue non récupérée… Comment ma course en sera affectée…? Je n’en sais trop rien.

Direction Virgil, NY

Photo credit: Julie Goodale

Photo credit: Julie Goodale

Je quitte vers 9h30 le vendredi. Six heures de voiture pour atteindre ma destination : Hope Lake Park. Un voyage épuisant avec ma fatigue accumulée. Au moins, je pourrai dormir sur place dans ma mini-van. À mon arrivée, 2014_450le soleil est présent mais le fond de l’air est frais. On ne dirait pas qu’il va faire 20°C le lendemain. Je vais chercher mon dossard puis je vais m’étendre. Le souper sera servi dans environ une heure soit vers 17h. Par la suite, j’en profite pour finaliser mes sacs et surtout déterminer ce que je vais porter au départ. À 18h30, c’est le discours du directeur de course. À 19h, je suis déjà au lit. La course débute à 6h du matin. Je prévois me réveiller vers 3h45.

Durant la nuit, les vents ont soufflé. De grosses bourrasques. La masse d’air plus fraîche a été remplacée par une autre un peu plus chaude si bien que le mercure n’a pas chuté tant que ça. Il fait 12-13°C à mon réveil. J’aurai au moins eu une bonne nuit de sommeil avant ma course.

Mon premier long 50 miles

Le départ est donné à 6h. Les coureurs du 100 miles débutent avec ceux du 50 miles. Le serpentin de lumière des lampes frontales autour du lac est magnifique. Je me positionne dans le groupe de tête. Après 5 minutes, j’ai déjà chaud. J’enlève manchons, cache-cou et petits gants. La montée est agréable. Il faut être prudent avec tous les obstacles dans les sentiers. À plusieurs endroits, je reconnais le directeur de course qui semble suivre la progression du groupe de tête. J’arrive au premier ravito, Hitching Post, avec les meneurs du 50 miles.

La deuxième section débute par une longue montée sur un sentier plus large avant d’atteindre de beaux single track. Le groupe de tête est toujours en vue mais je décide de lever un peu le pied : la course débute réellement dans la deuxième moitié. À un certain moment, je réalise que les fanions ont disparu. Je crie pour en informer le groupe plus en avant. Eux non plus n’ont pas vu de fanions…

Denis Mikhaylove

Denis Mikhaylove

Nous rebroussons chemin et croisons d’autres coureurs. Dans ce groupe, il y a 2 coureurs du 100 miles, les vainqueurs des 2 dernières éditions, Denis Mikhaylove et James Blandford. Mon avance de 2-3 minutes venait de disparaître. Nous réalisons rapidement que nous avions tous manqué un virage à notre gauche. Un petit détour d’environ 5 minutes pour moi… Puis nous arrivons au 2e ravito, Cortland 9. À chacun des ravitos, j’ai établi que je devais manger. Bananes, melons d’eau et patates seront au menu tant que mon estomac le permettra.

Je repars dans la section la plus difficile de la course. D’abord une montée dans un single track pour atteindre une section sur route toute en descente. Puis, on arrive dans les pentes de ski. Les 3 prétendants au titre, côte à côte. Chacun y donne un effort pour ne pas laisser du terrain aux autres. La première montée semble interminable puis c’est la descente. Il y a une deuxième montée tout aussi longue et abrupte avant de redescendre dans les sous-bois pour atteindre mon ravito principal, Hurt Locker.

J’y laisse le linge que je n’ai plus besoin (mais que j’aurai besoin plus tard dans la nuit) et je change de gourde. Quelques fruits et je repars pour attaquer le mur. Une 3e pente de ski avec 2 losanges noirs. Une montée ardue de 12-13 minutes intenses. C’est dans cette montée que le futur gagnant a pris son avance. Par contre, je suis bon deuxième jusqu’au prochain ravito, The Crux.

En quittant ce dernier, il y a une bonne montée sur route de terre avant de tourner sur une piste de VTT qui longe des pylônes. Moins de 100 mètres sur cette section, il y a un virage à droite sur un sentier étroit. J’ai manqué le virage. Et je continue sur le sentier de VTT. Je passe un premier pylône, puis un deuxième. Très loin devant, le sentier se défile. Ça semble une très belle section sur un plateau bordé par de grands arbres de chaque côté. Au 3e pylône, je me dis que même si le directeur de course a mentionné que certaines sections sur routes plus larges auraient peu de fanions, ça fait un petit bout que je n’en ai pas vus … Je retourne sur mes pas. À moins de 200 mètres du virage, je croise un autre coureur égaré. Finalement, nous trouvons l’entrée et nous filons vers le dernier ravito, Rock Pile. À une quinzaine de minutes du ravito, je commence à croiser les coureurs du 50 miles. Puis, je reconnais les 2 coureurs du 100 miles. Les mêmes qui avaient entamés la section des pentes de ski avec moi. Ils se maintiennent bien avec les poursuivants du meneur du 50 miles. Et avec ça, moi, je suis 3e avec un retard d’environ 20 minutes. J’arrive au turn around après 4h25 de course. Je suis quand même dans mes temps mais j’ai perdu encore de précieuses minutes… près de 15 minutes cette fois-ci.

À partir de ce moment, je me dis que je n’ai plus le droit à l’erreur. Il est préférable d’être un peu plus lent que de perdre beaucoup de temps sur des sentiers hors parcours. Le retour se passe sans problème cette fois. Je joue au chat et à la souris avec un coureur du 50 miles. Ce trajet en sens inverse donne une toute autre perspective aux sentiers foulés plus tôt. La température est toujours exceptionnelle.

Dans la dernière section, je note l’heure à laquelle je croise le meneur du 100 miles, Denis. J’arrive à la mi-parcours en 9h10 environ. J’ai environ 25 minutes de retard. Pas trop de dégâts finalement. Pendant que je change mes bas et mes souliers et fait le plein de provisions, j’apprends que James a abandonné ayant trop donné dans les premiers 80 km. Moi, je me sens très bien. Aucune crampe. Aucune douleur musculaire. Un peu de fatigue bien sûr. Mais prêts à poursuivre.

Trouver un air d’aller sur mon deuxième 50 miles

Pour moi, l’abandon n’est pas une option et je repars avec en tête qu’un 100 miles peut être cruel. On peut facilement perdre 30-40 minutes. La cadence rapide de la première section pourrait jouer des tours à Denis. J’ai quand même pour objectif de le rattraper mais pour éviter de m’épuiser trop rapidement, j’opte pour un rythme de course confortable jusqu’au Hurt Locker. En décidant de rayer de mon calendrier une course à laquelle j’avais été invité 2 semaines après mon 100 miles : le 50km du Run For the Toad, une course de championnat canadien près de Toronto, j’ai l’impression de laisser un gros poids derrière. Je profite alors des sentiers sans aucune pression et les kilomètres défilent. Je fais beaucoup de power walk dans les pentes abruptes. J’ai l’impression qu’utiliser d’autres muscles en montée est bénéfique pour mes muscles de course. Aux différents ravitos, on m’informe de l’avance de Denis… Toujours une vingtaine de minutes. Et j’avance toujours sans pression. Dans les pistes de ski, je croise une famille avec leurs chiens en liberté. Je les préviens que lors de ma dernière course un chien m’a suivi sur une longue section. Ceux-là étaient plein d’énergie mais ils n’ont pas osé me suivre…

Finalement, j’arrive au Hurt Locker. Je prends ma lampe frontale car la noirceur devrait arriver dans moins de 2h. Et je repars sur ma cadence. J’évolue bien et avant d’arriver au ravito The Crux, je dois allumer ma lampe frontale. Là, je réalise que je n’ai pas amené une 2e lampe ou des batteries de rechange, juste au cas où. Je m’amuse à éteindre ma lampe et je réalise qu’il fait très noir. Si ma lampe fait défaut, c’est moi qui vais perdre un temps énorme. J’ai hâte d’arriver au ravito pour quémander des batteries. Il n’y en a pas à The Crux. Je ménage mon faisceau sur les sections plus large et utilise ma pleine puissance dans les single track. Pour une dernière fois, je croise Denis qui est sur son retour. Il a maintenant une avance d’environ 40 minutes… et il ne semble pas être épuisé. Finalement au ravito Rock Pile, j’ai pu obtenir des batteries. Le bouillon de poulet est excellent aussi. C’est maintenant le retour. Ça m’aura pris environ une heure de plus par rapport au matin pour faire ce 25 miles.

Je poursuis sur mon rythme régulier et conservateur. J’aime ce rythme. Ma course à la noirceur me fait penser à la Pandora 24… mais je me sens 100 fois mieux. Toujours aucune crampe, aucune douleur musculaire. Un peu de fatigue bien sûr. Mais toujours prêts à courir. Finalement, je continue à ce rythme car j’ai l’impression que ma fatigue accumulée dans la semaine pourrait me jouer des tours. Je décide d’être prudent et de toujours profiter des sentiers. Courir à la noirceur c’est magique et un peu stressant… surtout quand tu entends un loup hurler au loin. Puis dans un virage, je note une masse noire couchée. Non, ce n’est pas un ours finalement… c’est une souche… La nuit est tout de même agréable et je réalise que je cours seul depuis très longtemps. C’est un peu avant de descendre vers mon ravito principal que je croise mes premiers poursuivants, il me reste un peu moins de 30 km, eux, plus de 50. En arrivant vers le sommet de la pente de ski experte, j’entends de la musique. J’approche du ravito, c’est bon signe. Au sommet de la pente, en pleine nuit, un musicien joue de la guitare. Wow. Enfin, j’atteins mon ravito pour une dernière fois. J’en profite pour m’asseoir en fouillant dans mon sac. C’est la deuxième fois de la journée que je m’assois. Quelques minutes seulement. Sinon, j’ai été en mouvement depuis un peu moins de 17h. Si je continue à ce rythme, je vais terminer dans les 20 heures. Un très bon temps. Et avant de partir, là, je ne me ferai pas avoir. Je prends mes 3 frontales pour le retour.

J’aime mon rythme de course. J’aime être en contrôle de mon corps. Je n’ai frappé aucun mur. Même dans les descentes des pentes abruptes, mes jambes répondent bien. Je profite de chacun de mes pas sur ces sentiers. Je reste alerte à tout ce qui m’entoure. Le vent, les arbres, les herbes. Tiens, un chevreuil avec ses bois… qui apparaît de nul part. Le voilà qui s’éloigne. Des petits yeux qui apparaissent avec ma lumière. Probablement un petit rongeur. Et durant tout ce temps, pas de musique… sauf celle de la nature.

17h53 de course. Je réalise que maintenant chaque minute de course est un record de temps parcouru à la course pour moi. Avant cette course, ma durée de course la plus longue était au Vermont 100 2013 alors que j’avais couru 17h43. Mais je me sens beaucoup mieux qu’à cette course.

À chacun des ravitos, les bénévoles parlent du meneur. Il semble toujours bien progresser. Ça semble être une bonne journée pour lui finalement. Aucune faille dans sa course. Et probablement aucune chance pour moi de le rattraper. Mais peu importe. J’arrive enfin au lac. Il reste environ 5 minutes de course autour de ce dernier. Au loin j’entends un quelqu’un hurler. C’est le directeur de course qui se manifeste en voyant mon faisceau de lumière au loin. Ma foulée s’accélère sur la piste autour du lac. Très heureux de mon accomplissement. Et quand je traverse la ligne d’arrivée, je sers le directeur de course dans mes bras et le remercie de m’avoir offert ce défi. 11h23 pour le deuxième 50 miles. Il est 2h33 du matin. Le vainqueur est déjà parti, lui qui a terminé 37 minutes avant. Le troisième coureur arrivera 5 heures plus tard.

Je suis très fier de mon temps : 20h33. La 5e meilleure performance de toutes les éditions du Virgil Crest confondues. Deuxième position sur un parcours très difficile. Un temps pas très loin de mes prédictions malgré quelques détours… Mais surtout, terminer ma course en ayant la conviction que j’aurais pu continuer encore plusieurs kilomètres.

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Run hard vs Run free

En analysant mon Vermont 100, j’ai réalisé que j’aurais pu accélérer bien avant le 150e kilomètre. Et pourtant, au Virgil Crest, j’ai préféré être conservateur durant toute la course.

Les ultramarathons sont des courses d’attrition comme en font foi les taux d’abandons. Au Virgil Crest 100 miles 2014, seulement 45% des coureurs ont terminé. Le défi est surtout là. Terminer la course. Et sur un parcours comme au Virgil Crest, il faut être prudent.

Il faut bien se connaître pour y arriver. Il faut bien établir ses objectifs aussi. Mais il faut constamment s’ajuster. Beaucoup de choses me sont passées par la tête lors de cette course :

• Comment ma douleur à l’aine va réagir au stress d’une course de 100 miles?
• Et mon niveau d’énergie. Déjà affecté avant même de prendre le départ. Comme dans un jeu vidéo où tu utilises une attaque qui va finalement gruger dans ton énergie vitale. Je devais être prudent.
• Je connais mon point fort. Non, ce n’est ni les montées, ni les descentes. La vitesse, un peu. Mais surtout, la tête… mon mental. Je n’ai jamais été affecté par mon classement, mes égarements, le type de parcours… Tout au long de la journée, j’ai profité de mon expérience.
• Et l’après course. Ayant fait le voyage seul, je devrai refaire le trajet de retour quelques heures après avoir terminé ma course.
• Je vois plus loin aussi. J’ai des enfants et je ne veux pas traverser cette ligne où on finit sur les brancards, sans énergie pour plusieurs jours. Je dois être disponible pour eux. Je travaille aussi.
• Je vois à long terme aussi. Au fond, ce que j’aime, c’est courir. Les courses sont des moments de dépassements et de rencontres. Mais ce que j’aime avant tout, c’est courir… Et si ma période de récupération peut être plus courte, alors je pourrai redébuter rapidement ce que j’aime faire… courir.

C’est pourquoi j’ai décidé de profiter du moment qui s’offrait à moi. De choisir ma cadence. De vivre ma course à mon rythme. De demeurer en contrôle. Et si c’était pour m’amener sur la première marche du podium, tant mieux.

Je réalise que je ne suis pas le coureur le plus compétitif. Je ne regarde pas la parade passer non plus. Je suis plutôt un coureur de défis. Mais de réaliser que je peux faire un excellent temps sans hypothéquer mon corps pour plusieurs semaines, ça me réconforte dans ma démarche.

En regardant d’où je viens et où je veux aller comme coureur, je préfère de loin le run free (and fast) au run hard (and fast and die), et pourtant, je sais que les résultats seront au rendez-vous… et peut-être même meilleurs que si je m’étais défoncé…

Pour moi, le Virgil Crest Ultramarathon aura été une belle balade de 100 miles (euh 101.6 miles… euh 103 miles) dans de beaux sentiers. Comme diraient certains : « Life is good ».

Sébastien (www.sebastienroulier.com)

3 logos 2014——————————-
Souliers : ADIDAS Adizero XT
Veste : UltrAspire Alpha
Bouteilles : Amphipod Handheld bottle et Salomon Park Hydro Handset
Énergie durant la course :
• Boisson sportive Pro Circuit X1 + BCAA et boisson sportive offerte sur le parcours
• Gels X4 Carb et X4 vivifiant (caféine) de Pro Circuit
• Coke et bouillon de poulet
• Patte d’ours
• Purée de pommes en sachet
• Chips
• Bananes, melon d’eau et patates
Pour compenser les pertes d’électrolytes
• Capsules d’électrolytes

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Une réponse à Virgil Crest 100 miles Ultramarathon : Run Hard vs Run Free

  1. julie dit :

    Merci Sébastien, pour cet article. Félicitation pour ta course. Mon paragraphe préféré est celui qui débute par « J’aime mon rythme de course. J’aime être en contrôle de mon corps… ».

    Pour ma part, c’est ce plaisir de courir, celui qui est difficile à décrire à quelqu’un qui ne l’a jamais vécu, qui me fascine et me remplit de bonheur. Ça me fait plaisir de voir que même sur un 160Km, il est humainement possible de le ressentir sans même frapper de mur. Je suis certaine que c’est grâce à des efforts constants et répétés et à une discipline hors du commun que tu peux le ressentir. Quelle belle récompense pour tes efforts ! Merci, de partager ton expérience. C’est motivant et de plus, tu m’as inspiré avec ces mots un article de blogue, à venir…

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