Pemi loop : J’ai frappé un mur nommé Garfield

J’explore la Pemi loop devant mon ordinateur

Pemi loopJ’avais vu le trajet sur une carte. Près de 50 km en sentiers techniques et montagneux avec 11 000 pieds (3300 m) de dénivelé positif. Sur plusieurs sites, on suggère de faire la randonnée en 3 jours…!!!
Grâce à des comptes rendus, j’ai une idée de ce qui m’attend. Même si les plus rapides font le trajet en moins de 7 heures, j’estime qu’un temps de 9-10 heures est plus raisonnable pour moi. J’ai quand même fait le 80 km de la Chute du Diable il y a 6 jours.

Pitch black

Lorsque je courrais plus souvent sur la route, je connaissais bien mes temps de passage et j’estimais bien mon temps pour d’autres parcours. Je pouvais prédire à la minute près mon heure d’arrivée. Avec mes longues sorties, c’est la même chose. Je suis plutôt optimiste, je pars avec l’idée que tout va bien se passer. Pour cette aventure, je voulais être de retour pour 16h30. 17h au max. Pour y arriver, en prévoyant des petits imprévus de départ, je devais quitter Sherbrooke vers 2h15 du matin.

Un réveil à 1h45. Tout est déjà préparé. Je mets ça dans l’auto. Ah… j’allais oublier la crème solaire et le baume à lèvre. On annonce chaleur et soleil aujourd’hui. Objectif atteint, je quitte à 2h15. J’en ai pour 2h15 à rouler. Mais avant, il y a les douanes :
« May I ask you, what are you planning to do at threeeeee in the morning? »
« I want to catch the sunrise in the White Mountains. »
En 30 secondes, je suis passé.

Alors que je prévois débuter ma course rapidement en arrivant, j’ai omis un petit détail. Je ne connais pas du tout la configuration des installations du Lincoln Woods Visitor Center… et il fait nuit noire. Il y a toujours un petit stress quand on n’a pas de repère visuel, qu’on ne connait pas les lieux, qu’on est fin seul et que la première chose qu’on distingue est une affiche : Bears are active. DCIM100GOPROJe les avais oubliés ceux-là. Je prépare mes armes : mes bâtons et ma cloche. Je dois maintenant trouver l’entrée de la trail… Mon instinct me dirige au bon endroit. Il est 4h45. Ma lampe frontale va me pointer la direction pour la prochaine heure au moins. Tout ce qui n’est pas illuminé, c’est de l’inconnu. J’entends des choses quand même. Il y a des odeurs aussi. J’explore un nouveau territoire à la noirceur.

La Pemi loop en 3 temps

D’abord, il y a la section du stationnement jusqu’au sommet du Mont Lafayette en passant par les sommets Flume, Liberty, Little Haystack et Lincoln. Environ 3h. Une belle section en forêt sur le sentier Osseo avant de prendre de l’altitude. J’arrive au premier sommet en même temps que le soleil.

DCIM100GOPRO

Au lever du soleil (sommet du Mont Flume)

SAM_0646Peu de temps après, je réalise que mes souliers ont un nouveau système de drainage. À moins que ce soit un système de ventilation. Je dois courir avec ce trou depuis déjà un bon bout, alors je décide de ne pas m’en préoccuper. La crête Little Haystack jusqu’à Lafayette, je la connais bien, elle fait partie de la boucle avec les sentiers Falling Waters et Old Briddle Path. Après, ce sera du tout nouveau.

Ensuite, il y a la section entre le sommet du Mont Lafayette jusqu’au sommet de South Twin en passant par le sommet de Garfield et la Galehead Hut. Près de 3h30. La section la plus difficile le long du Garfield Ridge. D’abord des roches mouillées et glissantes. Puis, il y a la descente plus abrupte… encore dans les roches. Plusieurs endroits où je dois être prudent. Une descente à pic (très à pic) qui semble interminable. Et quand on arrive en bas, c’est pour mieux remonter le Mont Garfield à 4500 pieds d’altitude. La montée est très à pic aussi. J’effectue du power walk pour gravir d’un bon pas le sentier. Et cette montagne, il faut la redescendre toujours dans les roches et toujours dans des sections abruptes… et des roches glissantes. J’ai donné beaucoup dans la montée de Garfield. J’en paye un peu le prix surtout que la chaleur est déjà très importante et il n’est pas encore 10h. Je prends une petite pause à une source d’eau. Boire. Manger. Me rafraîchir. Mon prochain arrêt est la Galehead Hut. J’en profite pour manger encore (on y vend des gâteaux et brownies) et remplir mes gourdes. Cette section se termine par la montée de South Twin : ardue et longue.

Vue du sommet du Mont Garfield

Vue du sommet du Mont Garfield

Finalement, c’est la section entre le sommet de South Twin et le retour au bercail. On passe par le sommet de Mont Bond et Bondcliff. Un peu plus de 3h. Une section beaucoup plus agréable. Une belle section sur une crête. Puis, c’est la descente. Tout en douceur avec des appuis fermes. Le sentier longe ou traverse un ruisseau. J’en profite pour me rafraîchir les pieds et les jambes. Puis je rejoints un sentier qui doit être une ancienne voie ferrée. C’est plat jusqu’à la fin. Mon chrono s’arrête à 9h45. Il est 14h30.

Bondcliff

Bondcliff. Je peux voir tout le trajet parcouru.

Voilà à quoi ressemblait la rivière que je ne voyais pas le matin.

Voilà à quoi ressemblait la rivière que je ne voyais pas le matin.

Le retour
Je suis rapidement sur mon départ après m’être changé. La bouffe, ce sera en conduisant. Je devrais arriver vers 17h… mais avant, il y a les douanes :
« Quel était le but de votre voyage? »
« Courir les Montagnes Blanches. »
« Ah!Ah! Il m’semblait vous connaître. Vous m’avez dépassé au Demi marathon de Sherbrooke quand je courrais le 10 km. »
En 30 secondes, je suis passé.

Ce contenu a été publié dans Course en sentiers, Montagnes Blanches, Training, Ultra, White Mountains, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire