Avançons tous en cœur : voyage au cœur de l’Estrie

Les résultats sont éloquents. Une levée de fonds qui a permis de récolter plus de 42 000 $ en dons monétaires et près de 17 000 kg de denrées non périssables pour un équivalent monétaire de plus de  136 000 $. Un grand total d’environ 180 000 $.

Mais mon histoire d’Avançons tous en cœur est beaucoup plus riche que ces chiffres.

Intuition

Tout a commencé par une idée. Un défi. Explorer des territoires inconnus, au sens propre et figuré. Une idée qui peut sembler impossible pour plusieurs. Mais comme dans toute quête, les limites n’existent que parce qu’on les croit infranchissables. Et, moi, je croyais fermement y arriver en acceptant toutes les difficultés et les douleurs qui se présenteraient. Et surtout, j’avais cette intuition que les retombées seraient beaucoup plus grandes que mon défi en soi. J’avais le sentiment que mon défi amènerait du beau, du bien et du bon pour la communauté. Un journal local a bien titré ce que je percevais avec ce défi : « Répandre le bonheur ». Je me suis lancé sans hésitation, sans peur. J’avais trouvé un sens, une direction à mon défi.

Comment en arriver à faire un défi de 300 km à la course, en 48 heures, du 16 au 18 mai, sur un trajet en forme de cœur, sur le territoire des sept MRC de l’Estrie pour une banque alimentaire, Moisson Estrie?

Beaucoup d’éléments dans cette question. Je trouve toujours fascinant d’explorer comment mon chemin m’amène à ce point précis sur la flèche du temps? Quelles successions d’événements m’ont dirigé sur cette trajectoire? Pourquoi avoir choisi une voie plutôt qu’une autre? Finalement, réaliser que toutes ces décisions prennent origine à ma source : mon enfance et mes parents.

Le cœur

L’idée de courir en forme de cœur, ça vient de ma fille Noémie âgée de 11 ans. Il y a deux ans, je voulais faire une longue sortie de 180 km en autonomie complète. J’ai demandé à ma fille de m’indiquer, sur la carte de l’Estrie, l’endroit où elle voulait que je coure. Elle m’a alors répondu: « Peu importe, il faut que ça ait la forme d’un cœur ».

Le cœur, c’est une belle image. Le cœur, un symbole d’amitié et de lien fort mais aussi de santé et de vie. Aucune illusion lorsque je pense aux cœurs sur lesquels j’ai couru. Mes jambes et mon corps qui dessinent un cœur sur une fresque géante. Un moment de création bien réel.

Un moment de création que j’ai voulu partager avec ma communauté.

Le choix du titre du défi, Avançons tous en cœur, fait bien sûr allusion à bouger en forme de cœur mais témoigne également de l’importance de se libérer des barrières qui nous limitent et surtout, de trouver le courage d’avancer malgré tout.

Regarder devant malgré la COVID-19.

Pour les banques alimentaires, regarder devant et toujours répondre aux besoins de la communauté.

D’un point de vue personnel, chaque défi est le passage vers un autre défi. Explorer là où la course me mène. Ne pas me contenter de cette zone de confort, ce statu quo, cette immobilité.  Il n’y a aucune destination finale réellement. Tout est en perpétuel mouvement. Chaque point de jonction amenant de nouvelles perspectives. Trouver le courage d’avancer et partir vers l’inconnu. M’offrir de nouvelles expériences. Vivre le dépassement de soi. Toujours pour mieux me connaître et me découvrir.

Voyager, c’est partir à la découverte de l’autre. Et le premier inconnu à découvrir, c’est vous.

– Oliver Föllmi

Vous vous demandez peut-être comment une idée lancée par ma fille peut prendre origine aussi loin que ma propre enfance? Je vous donne les grandes étapes.

Ma fille a vu le jour au mois d’août 2008 en raison d’une union qui a débuté plusieurs années auparavant. En 1996, lors de nos études en médecine à Sherbrooke, Stéphanie et moi avons débuté notre relation et l’avons construit au fil des années qui ont suivi. Et même si nous ne sommes plus ensemble maintenant, sa présence dans ma vie demeure importante. Son bonheur se reflète dans les actions de mes enfants… et peut-être dans le choix du cœur, par ma fille, comme image à reproduire.

Mon choix pour la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke est une autre étape importante. Alors que j’ai longtemps pensé devenir vétérinaire, une seule rencontre avec un orienteur au Cegep a suffi pour me diriger vers la médecine. Et Sherbrooke s’est imposé rapidement comme lieu d’études à cause de ses espaces verts et des Montagnes Blanches à proximité. Je suis né à St-Bruno-de-Montarville. J’ai passé mon enfance au Mont St-Bruno et à jouer dehors. Mais pour être accepté en médecine, j’ai certainement eu de bonnes notes. Beaucoup de temps à étudier et à jouer le rôle du 2e professeur de la classe. Mes parents m’ont toujours encouragé dans mes études. Et cette rigueur dans mes études et dans mon sport maintenant vient principalement de mon père. Investi dans trois emplois durant de nombreuses années et malgré tout disponible pour ses trois enfants.

300 km à la course en 48 heures

Ce que ma mère m’a laissé comme héritage est à l’origine de ces nombreux kilomètres parcourus : ma génétique de coureur. Lorsqu’elle évoque son enfance à Ste-Hyacinthe, elle fait toujours référence à son goût de la course. On la surnommait « le cheval ». Malgré la maladie d’Alzheimer qui lui gruge certains souvenirs, celui-là, elle le raconte toujours avec beaucoup de joie.

Le sport a toujours eu une place dans ma vie. Aucun entraîneur. Surtout pour le plaisir. Gravir des montagnes, faire des randonnées ou simplement le goût du plein air. Et voilà, un jour, un ami en médecine (eh oui, on revient sur cette voie) a fait un marathon. C’est à ce moment que j’ai réalisé que cette distance était accessible à tous. Je vous épargne chacune des courses qui m’ont amené à explorer toujours plus loin, plus haut ou plus longtemps, mais après 20 ans à courir et près de 100 000 km au compteur, je suis maintenant bien adapté physiquement et mentalement aux ultra-longues distances. Et les limites, je veux toujours les repousser comme dans ce défi.

Les 18-19 avril, je venais tout juste de compléter un cœur de 175 km à la course en autonomie complète. J’avais alors mis ma nourriture, mes breuvages et mes vêtements de rechange dans un Chariot que j’ai poussé durant 24 heures. À la fin de ce cœur, avec les sensations que j’éprouvais, j’avais la certitude que je pouvais courir pendant 48 heures. Après avoir dessiné mon cœur pour Avançons tous en cœur, les trois cents kilomètres semblaient une distance appropriée.

Un défi du 16 au 18 mai pour Moisson Estrie

La COVID-19 a entraîné beaucoup de changements dans notre quotidien. En tant que chef du service des soins intensifs pédiatriques au CIUSSS-Estrie-CHUS, j’ai été très sollicité à partir de l’annonce de la pandémie, à la mi-mars, jusqu’à la mi-avril. On devait préparer les unités à recevoir les premiers cas de COVID-19. Heureusement, la pédiatrie a été épargnée par la maladie. Avec des activités cliniques réduites, j’ai pu diriger mes énergies vers d’autres projets comme ce défi. Très rapidement, j’ai identifié le long weekend du 16 au 18 mai pour réaliser mon exploit.

Depuis l’automne 2019, une amie coureuse me proposait de créer un défi pour une banque alimentaire de ma région. Après ma course en solo de 175 km, elle me l’a rappelée. Cette amie, je l’ai connue par mon travail et par le Club de course de la Boutique Le Coureur. Vous voyez, on retourne sur la voie de mes choix scolaires et de la voie parsemée de courses.

Le contexte de la pandémie due à la COVID-19 et son confinement imposé ont un eu impact majeur sur les emplois et la réduction de revenus. Les demandes d’aide alimentaire n’ont cessé  d’augmenter depuis le confinement. Ne pouvant prêter main forte dans les CHSLD, je me suis alors tourné vers d’autres populations en situation de vulnérabilité. C’est la raison de ma collaboration avec Moisson Estrie. Moisson Estrie dessert un vaste territoire. Pas seulement Sherbrooke. Moisson Estrie couvre les sept MRC de l’Estrie. Dès qu’on m’en a informé, j’ai su que mon parcours devait toucher ces sept MRC.

Mobilisation

Comment peut-on bâtir un projet d’une telle envergure en moins de quatre semaines?

Les pièces du casse-tête se sont imbriquées à une vitesse vertigineuse. Une série de coïncidences et de synchronicités a permis d’atteindre tous les objectifs visés par le projet. Mais encore fallait-il reconnaître ces opportunités et y accorder l’importance méritée.

D’autres activités ont même été ajoutées afin de compléter l’événement Avançons tous en cœur. Outre la levée de fonds avec mon Grand Cœur, il y a eu un volet participatif Dessine-moi un cœur où les gens étaient invités à bouger à la marche, à la course ou à vélo sur des trajets en forme de cœur dans leur région. On voulait faire bouger les étudiants aussi. J’ai alors créé les Jeux J’Bouge en Cœur. Les étudiants accumulaient des kilomètres d’activités pour leurs écoles durant mon défi de 48 heures. Une compétition amicale pour proclamer l’école la plus active du long weekend. Finalement, une collecte de denrées sur le territoire de Sherbrooke a suivi mon défi. Encore là, on voulait impliquer les étudiants qui vivaient des moments difficiles à cause du confinement. Ils étaient invités à déposer des sacs bruns aux portes des maisons de leur quartier et à aller les rechercher, remplis de denrées, quelques jours plus tard. Une guignolée sans contact.

Tout ceci a été possible grâce à la mobilisation de bien des personnes et bien des partenaires. Malgré une pénurie de ressources humaines et peu de temps disponible à cause de la réorganisation des activités de Moisson Estrie vue le contexte COVID-19, Geneviève Côté, Directrice générale de Moisson Estrie, a accepté mon idée du Grand Cœur. Aucun jugement sur mes capacités à le compléter. Rapide à trouver des solutions pour garantir le succès de chacun des volets de l’événement. Elle fut une alliée tout au long de l’aventure ce qui a gonflé ma motivation.

Des coureurs m’ont également aidé grâce à leur implication dans différents comités. Tout allait très vite. On a même comparé ma vitesse d’exécution de différentes tâches à une comète après avoir été un train et une fusée… Mais ce qui est remarquable, c’est que plusieurs ont poursuivi leur implication et ont suivi le rythme imposé. Avec le temps qui jouait contre nous, la planification a révélé des personnes qui ont su utiliser leurs qualités de leader dans ce processus effréné. Je pense ici à Benoît et son rôle majeur pour la guignolée, Anne avec son aide précieuse pour l’exécution de certaines tâches et le recrutement de coureurs pour aider dans d’autres tâches et tous ces « champions » qui ont fait la promotion de l’événement dans leur région.

Et quelle mobilisation tout au long d’Avançons tous en cœur !!!

De nombreux coureurs m’ont accompagné sur plusieurs kilomètres. J’ai eu un accueil chaleureux dans de nombreux villages. De belles rencontres pour agrémenter mon périple.

Il y a eu une bonne participation des étudiants aux Jeux J’Bouge en Cœur. Neuf écoles et 10 000 km parcourus. Les étudiants du Séminaire de Sherbrooke ont remporté cette première édition des Jeux avec le plus de kilomètres cumulés au prorata du nombre d’élèves inscrits à l’école. Mais, ils se sont aussi investis auprès de Moisson Estrie en recueillant 12 grosses boîtes de denrées et en créant plusieurs levées de fonds personnelles pour Moisson Estrie.

Et la guignolée a mobilisé un nombre considérable de bénévoles mais a mis surtout en valeur la générosité des Estriens et des Sherbrookois.

Des moments difficiles

Laissez-moi d’abord vous partager mes moments difficiles. Ils sont importants dans un défi. Ils permettent de nous construire probablement beaucoup plus que les moments merveilleux.

Le voyage nous fait et nous défait, il nous invente.

– David Le Breton

Chacune des deux nuits a été pénible à un certain point. La fatigue accumulée a probablement été mon pire ennemi beaucoup plus que les kilomètres parcourus. Elle m’a rendu vulnérable et a permis aux pensées négatives de prendre une place que je ne voulais pas leur accorder. Lors de la première nuit, entendre le chant des oiseaux à l’aube alors qu’il me restait encore une bonne heure avant de pouvoir me coucher était de très loin mon scénario idéal. Et lors de la deuxième nuit, la fatigue a permis aux douleurs musculaires, pourtant ressenties depuis plus de 24 heures, d’occuper une trop grande place dans ma tête. Une cadence qui ralentie. Un moral qui descend tranquillement vers un abîme profond. Par chance, j’ai pu casser ces cycles par de courtes périodes de sommeil qui ont été bénéfiques.

Maintenant, à vouloir chasser les pensées négatives de notre esprit, on leur accorde une importance non méritée. De vouloir quantifier un niveau de plaisir, c’est aussi accorder de l’importance aux moments difficiles. Dans une épreuve comme mon défi, il faut éviter que ces pensées négatives émergent. Et si elles émergent, il faut alors diriger son attention vers les petits plaisirs qui parsèment notre route. Parfois, ils sont évidents et d’autre fois, il faut les dénicher. L’important, c’est de les cultiver.

Mes petits plaisirs

C’qui fait le bonheur, c’est les p’tits plaisirs.

– Clara Plume

Je vous partage ces petits moments qui ont fait une différence dans mon défi.

  • L’allocution au départ de ma course prononcée par nul autre que M. Jean Arel, journaliste sportif. L’entendre m’a permis de réaliser ce que les gens perçoivent de mes accomplissements. Il m’a décrit comme un athlète exceptionnel et aussi un humain qui aime aider. Il a ajouté que c’était une occasion extraordinaire de profiter de ma ténacité, de mon talent et de ma forme physique et mentale pour diriger les projecteurs sur Moisson Estrie et sa mission. C’était exactement un des objectifs visés.
  • Débuter mon défi avec le maire de Sherbrooke, M. Steve Lussier. Le premier pas est toujours le plus important. Partir vers l’inconnu. Nos discussions m’ont allégé du stress que peut amener ces débuts de défi. Aussi, la course à pied dévoile la nature des gens. J’ai tout de même 20 années d’observation. J’ai décelé beaucoup de sincérité lorsqu’il me parlait de son bonheur à courir tout en saluant les Sherbrookois qui le reconnaissaient sur la rue.
  • Le bel accueil des étudiants de l’équipe de cross-country de l’école secondaire de Bromptonville. Nous avons quitté ensemble avec des cyclistes et des enfants vers Windsor. Certains m’ont accompagné pendant 10 km.
  • Quelle joie de rencontrer Huguette et René qui sont activement impliqués dans l’organisme des Courses partagées de Sherbrooke depuis déjà plusieurs années.
  • Les côtes sur la longue rue Goshen. Le dénivelé est surtout positif mais en me retournant, j’ai une belle vue sur le Mont Orford, mon territoire dans plusieurs heures…
  • Cette petite fille qui m’attendait sur la route 249 pour me donner 20$ pour soutenir Moisson Estrie alors que je me dirigeais vers St-George-de-Windsor.
  • Le fromage de St-Georges-de-Windsor.
  • Les représentants du club de course Mine et cie qui m’ont escorté jusqu’à Wotton.
  • Faire le singe à Dudswell.
  • Croiser des amis qui ont décidé de venir à ma rencontre parce que c’est plutôt ennuyant le confinement et ne pouvoir rien faire.
  • La nature nocturne qui s’éveille. Une belle symphonie.
  • Une petite chanson acapella à Bury. J’avais averti mon équipe de support quelques kilomètres avant. Ils devaient tous chanter avec moi. Et ils ont bien tenu leurs rôles de choristes.
  • La musique en pleine nuit qui jaillit de la voiture pendant que je coure accompagné par Patrick à vélo.
  • Le thé glacé que j’ai bu à Island Brooks. Une femme qui me suivait par mes traces GPS a retracé mon équipe et m’a laissé ce délicieux nectar.
  • Le froid entre Island Brooks et La Patrie.
  • L’allée de ballons laissés par mes voisins à leur refuge que nous avons squatté pour une nuit. Je n’ai pas dormi dans le refuge car je ne voulais pas être dérangé. J’ai plutôt dormi dans ma camionnette.
  • La foule qui m’attend à la sortie du refuge au milieu d’un rang perdu à Notre-Dame-des-Bois.
  • Ces deux enfants, dont un que j’ai soigné il y a deux ans, qui sont là pour faire 500 mètres avec moi mais qui feront près de 10 km.
  • L’accueil grandiose à Chartierville avec les sirènes d’un camion de pompiers. Et reconnaître dans la foule mes autres voisins (pas ceux du refuge) qui se sont déplacés pour m’encourager.
  • La beauté du paysage dans cette région.
  • La poutine de la Cantine de St-Mathias-de-Bonneterre. Une amie m’avait parlé de cette cantine qui fait la meilleure poutine selon elle. Je lui avais demandé de faire le lien avec la propriétaire de la cantine pour qu’une poutine m’attende à mon passage. Heureusement, mes accompagnateurs en ont profité aussi car la cantine avait eu l’approbation pour recommencer ses activités.
  • Une longue section entre St-Mathias et St-Isidore remplie de discussions intéressantes et enrichissantes avec Annie-Claude et Marco.
  • Et encore des paysages spectaculaires.
  • Me faire escorter par des enfants à vélo juste avant St-Isidore. Je me croyais au Spartathlon. L’expérience que je n’ai pas pu vivre en 2018 à cause d’un cyclone qui a frappé la Grèce. Normalement, des enfants à vélo guident les coureurs dans la ville vers la ligne d’arrivée.
  • Un autre accueil avec les sirènes d’un camion de pompiers à St-Isidore.
  • Être accompagné par deux amis nommés Martin pour aller à Martinville.
  • Enfin un lit confortable pour une courte nuit.
  • Une équipe de support du tonnerre qui est capables de suivre mon rythme d’éveil et de peu de sommeil. J’étais entre bonnes mains.
  • Plusieurs personnes qui me klaxonnent pour m’encourager dans le secteur d’Orford. Je suis en terrain connu et reconnu.
  • L’escorte policière pendant 12 km.
  • Et les trois camions de pompiers qui font sonner leurs puissantes sirènes.
  • Retrouver une bonne cadence car je sais que je vais compléter mon défi.
  • Descendre la côte King à Sherbrooke comme si j’avais toute la rue à moi.
  • Attaquer la dernière montée.
  • Terminer la course avec deux de mes enfants et une foule de coureurs.
  • Ressentir ses émotions de satisfaction en voyant le bâtiment de Moisson Estrie. Quelle fierté d’avoir complété le trajet de 305 km en 50 heures.

Et voici mon coup de cœur

Après 15 km de course, ma fille s’est renversée du jus sur son manteau et ses nouveaux souliers. À un arrêt, elle est devenue émotive. Je savais, que par sa nature plus réservée, elle n’avait pas réalisé que participer à mon défi c’était de ne pas vraiment être avec moi. Je lui ai laissé le choix: rester ou retourner à la maison. C’était mon défi et non le sien. Et peu importe sa décision, j’étais pour la respecter. Au fil des kilomètres, j’ai vu ma fille changer. Je le vois très bien sur les vidéos en direct et sur les photos. Plus les kilomètres avancent plus elle est radieuse, fière. Pas juste fière de son père mais fière de faire partie de l’équipe, d’avoir des responsabilités, d’avoir un rôle à jouer. Fière de prendre part à ce voyage. Sa décision était prise avant la fin de l’après-midi de la première journée: elle voulait poursuivre pour tout le défi… et même plus car elle voulait faire du bénévolat la semaine suivante. C’est mon coup de cœur.

Tout est possible

Je cite ici Geneviève Côté, directrice générale de Moisson Estrie au terme de mon défi :

« Tout est possible. Même dans les moments difficiles, on peut regarder devant et aller un petit peu plus loin. »

« Regarder devant et aller un petit peu plus loin » c’est aussi pour Moisson Estrie qui effectue un travail phénoménal pour la communauté estrienne. Les organismes communautaires ont un rôle primordial pour répondre aux besoins de nos communautés. Comme médecin de soins critiques aux enfants, je suis appelé plus souvent à soigner. Par contre, je crois aussi qu’il faut miser sur la prévention et la promotion des saines habitudes de vie. Mon association avec Moisson Estrie était toute naturelle dans le contexte COVID-19. Je voulais m’investir auprès des populations en situation de vulnérabilité. Comme les activités de Moisson Estrie dépendent surtout d’activités d’auto-financement, une levée de fonds était tout à fait justifiée, surtout que celles prévues au printemps avaient été annulées.

Vous aussi, impliquez-vous à votre façon auprès d’organismes communautaires. Il y en a tellement que vous trouverez certainement un organisme qui partage vos valeurs et votre vision.

Tous les sourires dont j’ai été témoin durant mon défi et lors du triage des denrées à Moisson Estrie et surtout l’implication intéressante et diversifiée des étudiants me suggèrent qu’une graine a été semée.

Imaginez la prochaine Moisson.

L’odyssée se poursuit

Avançons tous en cœur a été une folle aventure. Par contre, on me faisait remarquer que les aventures sont trop éphémères pour qualifier mon parcours. Je choisis donc le terme « odyssée ».

En furetant la toile sur le thème de la légende personnelle, je suis tombé sur ces mots de Paulo Coelho :

« Si vous écoutez votre cœur, vous savez précisément ce que vous avez à faire sur terre. Enfant, nous avons tous su. Mais parce que nous avons peur d’être désappointé, peur de ne pas réussir à réaliser notre rêve, nous n’écoutons plus notre cœur. Cela dit, il est normal de nous éloigner à un moment ou à un autre de notre Légende personnelle. Ce n’est pas grave car, à plusieurs reprises, la vie nous donne la possibilité de recoller à cette trajectoire idéale.»

Cette trajectoire idéale a permis de réunir tous les gens qui se sont impliqués dans Avançons tous en cœur. Beaucoup veulent poursuivre l’odyssée avec moi lors d’un prochain défi. Les besoins seront toujours criants cet automne. Je vais à nouveau courir un Grand Cœur pour y inclure cette fois les villes d’Asbestos, Lac-Mégantic et Coaticook. Le trajet sera de 422 km soit 10 marathons pour couvrir encore les sept MRC desservies par Moisson Estrie. Du 9 au 12 octobre, vous êtes conviés à me suivre ou vous joindre à moi dans mon périple de 72 heures.

Croyez-vous que je puisse me limiter à 422 km? En analysant mon parcours de 305 km, je peux affirmer que le facteur principal  à gérer pour d’autres défis sera la fatigue. Les douleurs ressenties à 90 km et celles ressenties à 250 km étaient quasi semblables. Ce qui a été différent, c’est mon niveau d’énergie qui a permis à ces douleurs de s’immiscer dans mes pensées et d’y prendre trop de place. En jasant avec l’équipe du Grand Défi Pierre Lavoie, j’ai mentionné, à la blague, que tranquillement, je me rapprochais de leur défi de 1000 km à vélo…mais à la course. Je laisse l’idée germer… Il me faudra juste prévoir un peu plus de temps pour compléter les 1000 km… et bien dormir quelques nuits.

Je dis souvent que chaque défi est le passage vers un autre défi. Croyez-vous vraiment que je vais attendre en octobre avant de me lancer dans une autre aventure?

Mon défi m’a permis de faire de nombreuses rencontres. Les conversations m’ont permis de mieux connaître certains des coureurs qui m’ont accompagné. Je reviens souvent à cette citation.

Chaque point de jonction, chaque rencontre est une fenêtre ouverte sur d’autres horizons. 

– Isaac Sachs (Tom Hanks) dans La cartographie des nuages

Depuis quelques années, j’ai en tête d’effectuer des rando-courses en mode fastpacking. Partir quelques jours et courir avec le strict minimum pour manger et dormir. Depuis l’été 2017, j’ai planté l’idée (une autre) d’effectuer la Direttissima c’est-à-dire, relier les 48 sommets de plus de 4000 pieds des Montagnes Blanches en une très longue sortie de 6-7 jours. Un parcours d’environ 375 km et 22 000 mètres de dénivelé positif.

Mon prochain défi est une étape de plus pour m’en approcher.

Cette fois, ce sera un défi en équipe avec Annie-Claude que j’ai rencontrée le matin de ma deuxième journée à ma sortie du refuge perdu à Notre-Dame-des-Bois. Elle était parmi le groupe de coureurs qui m’attendaient. Au fil des 100 km qu’elle a couru avec moi, et après de nombreuses conversations, j’ai eu l’impression qu’elle pourrait être une bonne équipière pour du fastpacking. Je ne croyais pas que le projet prendrait forme aussi rapidement. Seulement deux semaines avant notre départ, nous avons évoqué les différentes possibilités et bâti notre prochaine aventure. Nous allons parcourir la Traversée de Charlevoix de 105 km avec quelques détours (Mont du Lac à l’Empêche, Mont Morios et l’Acropole des Draveurs) pour totaliser près de 150 km avec deux nuits en camping sauvage. Aucun ravitaillement. Aucun refuge. Tout l’essentiel dans nos sacs à dos. Notre départ aura lieu à la Zec des Martres le 26 juin prochain pour se terminer au Mont Grand Fonds le 28 juin.

À défaut de pouvoir aller dans les Montagnes Blanches du New Hampshire aux États-Unis, nous partons à la découverte de notre Québec sauvage. Un voyage en toute simplicité. Une expérience à ajouter dans nos baluchons.

Et mon odyssée se poursuit.

Le Comité organisateur d’Avançons tous en coeur
Le prochain Grand Coeur de 422 km

BILAN FINAL : AVANÇONS TOUS EN CŒUR EN CHIFFRES

Avançons tous en cœur c’est :

Une initiative de Sébastien Roulier, médecin et ultramarathonien de Sherbrooke,

En collaboration avec Moisson Estrie et un comité organisateur dévoué et sensible aux besoins de la communauté.

Un événement qui a été planifié en moins de 4 semaines

Avec 3 volets : le Grand cœur de Sébastien, dessine-moi un cœur et donnez du cœur aux ventres

Et qui a été réalisé à l’aide d’une équipe de 150 bénévoles hors pairs.

Avançons tous en cœur c’est :

Un coureur qui a parcouru

Un Grand Cœur de 305 km

Traversant les 7 MRC de l’Estrie desservies par Moisson Estrie

Dans 25 villes et villages

En 50h50 de course

Avec seulement 3 heures de sommeil durant tout le défi.

Accompagné par une équipe d’une vingtaine de personnes

Avec près de 60 coureurs qui l’on rejoint sur le parcours

Ainsi qu’une douzaine de personnes à vélo.

Un coureur qui a fait plus de 350 000 pas

Et qui a dépensé plus de 20 000 calories

Avec un poids au départ à 140 lb et à la fin à 135 lb

Et une poutine mangée à la Cantine de St-Mathias-de-Bonneterre.

Avançons tous en cœur c’est aussi :

Plusieurs Québécois qui ont bougé en cœur.

Neuf écoles qui ont participé aux Jeux J’Bouge en Cœur

Et près de 10 000 km parcourus par les étudiants de ces écoles.

Avançons tous en cœur c’est surtout une moisson du printemps qui a permis de récolter:

42 732 $ en dons monétaires,

16 818 kg de denrées alimentaires

Soit une équivalence de 136 730 $

Pour un grand total de 179 462 $

Avançons tous en cœur c’est finalement :

Un événement qui reviendra pour une moisson d’automne

Avec une participation de plus d’élèves et étudiants,

Avec un trajet de 422 km soit 10 marathons…en forme de cœur à parcourir en 72 heures

Et une guignolée sans contacts avec des milliers de sacs qui seront distribués par nos bénévoles.

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