Unlock 2019 : Combinaison gagnante pour le Marathon de Boston en duo

Il y a deux ans, j’écrivais ceci :

Mon projet fou est d’amener un passager au Marathon de Boston 2018. Pour y parvenir, je dois me qualifier lors d’un autre marathon. […] J’aimerais bien que le Kartus trouve sa place au départ de ce marathon…

Je m’étais un peu emballé dans ce projet. 2018 n’était pas la bonne année pour le réaliser. 2019, par contre l’est. Le marathon de Boston en duo, le 15 avril dernier, est déjà du passé.

Mais, c’est en portant un regard sur les événements du passé que je réalise qu’ils déterminent ceux à venir. Comme une réaction en chaîne. Une chaîne d’événements. Comme si au bout du chemin, un autre apparaissait pour m’amener irrémédiablement au départ de ce mythique marathon. C’est à la recherche de ces coïncidences que je peux retracer la voie et découvrir l’origine de cette mission.

En duo avec Marie-Michelle

L’année 2018 aura été mon tremplin pour les courses en duo. Rien n’était planifié au début de l’année mais j’ai ajouté ces aventures malgré un calendrier déjà chargé. Je ne voulais pas rater ces opportunités. C’est au mois de mai que j’ai rencontré Marie-Michelle grâce à l’équipe Kartus. Quelques semaines auparavant, l’équipe Kartus m’a informé qu’une co-coureuse était prête à embarquer dans la chaise pour une course. On m’offrait la chance d’être le coureur. Nous avons fait le demi-marathon de Lévis en un temps de 1h30, un Record Guinness récemment homologué. Cette course m’a surtout fait réaliser que les sensations ressenties lors d’une course peuvent être vécues par tout le monde, que la passion de la course atteint même ceux qui ne peuvent utiliser leurs jambes pour courir. Et comme coureur, j’en ai retiré que du positif malgré une course de 80 km complétée la veille. La course, ça se joue dans la tête. La douleur, c’est dans la tête aussi. Il suffit de la remplacer par des émotions positives. Un geste si simple de pousser une personne qui procure un dépassement de soi et qui permet de partager le bonheur. Et que dire de la reconnaissance exprimée par l’entourage de Marie-Michelle? Ça donne des frissons.

C’est avec enthousiasme que j’ai appris, durant l’été, que Marie-Michelle voulait se lancer dans l’aventure du marathon, celui de Montréal. Malgré ma principale course de la saison, le Spartathlon, soit une course de 250km en Grèce, prévue 5-6 jours après le marathon, j’ai décidé de me lancer dans ce défi de « marathon en duo ». Le reportage de Jean-François Poirier de Radio-Canada résume bien la course à Montréal. L’équipe Kartus avait bien planifié cette rencontre avec l’équipe du journaliste. Et la course a été formidable. Quelle énergie!!! Le plus facile de tous mes marathons. Dans les temps visés en plus : 3h01, bon pour un autre Record Guinness. Un premier marathon pour Marie-Michelle. Ce marathon en duo était la clé nécessaire pour entrer sur le parcours du Marathon de Boston. Mais, à quoi peut bien ressembler le chemin qui m’a mené à rencontrer l’équipe Kartus?

Les Courses partagées de Sherbrooke

Les organisateurs  du Défi Félix Deslauriers-Hallée, un événement bénéfice qui permet d’amasser des fonds pour le Programme à Félix de la Fondation québécoise du cancer, m’ont approché pour la présidence d’honneur de l’événement en 2015 et 2016. Pour l’édition de 2016, j’ai eu l’idée de participer à la course de 10km en poussant quelqu’un qui avait bénéficié des services du programme. C’est à ce moment qu’un des membres du Comité Organisateur m’a parlé d’un produit, une chaise créée par des étudiants de la faculté de génie de l’Université de Sherbrooke. Mes recherches, tant d’un passager que du propriétaire de la chaise, ont été vaines.

Un an plus tard, mon collègue de travail me fait suivre un courriel d’un ancien collègue de sa promotion. La personne cherchait des coureurs pour pousser des co-coureurs dans une course de 5km à Sherbrooke. C’était mon premier contact avec Marc Therrien, l’homme derrière les Courses partagées de Sherbrooke. C’est également à ce moment que j’ai rencontré l’équipe du Kartus, cette fameuse chaise spécialisée pour les personnes à mobilité réduite.

Mon ambition n’était pas de limiter mon partage que pour les Courses partagées. Je voulais amener la mission du Kartus et des Courses partagées dans les courses officielles.

Voilà, les pièces du casse-tête s’emboitent mieux pour dresser un tableau plus clair du chemin parcouru pour réaliser mes courses en duo avec Marie-Michelle. Mais, ma rencontre avec les organisateurs du Défi Félix Deslauriers-Hallée voit aussi un chemin y conduire.

Engagements et partage

Mon parcours de coureurs a bifurqué à un certain moment vers les ultramarathons et les sentiers. Pour que la fin de mes marathons soit plus facile, j’ai augmenté la distance de mes longues sorties. Tant qu’à courir longtemps en solitaire, pourquoi ne pas le faire dans une course organisée? C’était un ultramarathon de 80km en sentiers en 2011. J’ai adoré l’expérience et les sensations. Et mes résultats m’ont propulsé vers les Championnats Mondiaux de trail, mes Olympiques. À partir de ce moment, j’ai eu une révélation : la course serait mon projet de développement personnel et de partage. Je devais développer mon projet «En mouvement pour la santé». Site web, blogue, conférences. Promouvoir les saines habitudes à travers ma passion de la course. J’ai ouvert mes horizons pour ne pas hésiter à m’engager auprès de différentes causes. Mes exploits en ultramarathons ont aussi été un phare et ont amené une certaine visibilité dans ma région. Cette ouverture m’a permis de rencontrer tous les organismes déjà nommés dans cet article. Autant de points me dirigeant tranquillement vers ma rencontre avec les Courses partagées de Sherbrooke.

Team Roulier

Je ne peux passer sous silence une autre période où je poussais mes enfants dans un Chariot. Leur partager ma passion en les invitant sur mon terrain de jeu, bien installés, aux premières loges. Des podiums, ils en ont vécu plusieurs. Cette énergie que procurent ces réalisations en duo amène un désir de répéter tout ceci. Mais, les enfants ont grandi et la poussette a été rangée. Mais ces expériences en duo avec mes enfants se sont imprégnées en moi. En fait, toutes mes expériences de courses depuis l’an 2000 m’ont graduellement amené vers le point où je me trouve actuellement.

Le premier pas

Chacune de mes destinations pour 2019 commence par ce moment où j’ai décidé de faire mon premier pas de course et par lequel ma passion a grandi. C’était en 2000, l’année où je m’entraînais pour mon premier marathon, celui de Québec.

Mais, était-ce vraiment mon premier pas?

J’ai bien eu une période plus calme à la course lorsque j’ai entrepris mes études collégiales et universitaires. Mais l’activité physique a toujours eu une place importante dans mon horaire. Randonnées pédestres, longues randonnées à vélo. Le goût de bouger a toujours été présent.

Durant toutes mes années au primaire et au secondaire, je survolais les distances lors des Olympiades scolaires. J’aimais courir et surtout bouger. Je me rappelle certaines soirées à jouer à la cachette avec tous les amis du quartier. Ou encore la fois où je m’entraînais pour le 5km du Rallye Minta à St-Bruno…dans mon sous-sol à courir autour de la table de billard. Ma mère a eu pitié de moi et a demandé à mon frère de m’accompagner à l’extérieur. Et que dire de toutes ces sorties plein-air avec mon grand-père. Sa valise d’auto était un entrepôt d’équipements sportifs de tout genre.

Et je pourrais remonter ainsi jusqu’à ma naissance pour réaliser l’apport de chacun de mes parents dans la personne que je suis maintenant.

Chaque moment se construit sur le précédent

Our lives and our choices, each encounter, suggest a new potential direction.

(Traduction: Chaque point de jonction, chaque rencontre est une fenêtre ouverte sur d’autres horizons.)

– Tom Hanks alias Isaac Sachs in Cloud Atlas

Comme une suite de points qu’il faut relier sans trajectoire définie. Obtenir les bons codes pour découvrir toutes les possibilités qui s’offrent à nous et percer les secrets que nous réservent l’avenir.

J’ai déterminé mon chemin et j’en ai suivi un autre et un autre. Face aux opportunités ou aux épreuves qui se présentaient, je suis resté ouvert aux expériences. Et vingt ans plus tard, j’ai toujours ce goût de courir.

Chaque défi est le passage vers un autre défi. Rien n’est figé. Une quête sans fin. Relier les points qui m’amènent toujours vers un nouvel horizon. Tout est dynamique, jamais immobile. Comme la vie. La course est une métaphore de la vie.  Aller de l’avant. Je dois avoir des projets et explorer. Être dans le mouvement présent pour vivre le moment présent. Et tous ces détours empruntés ont forgé ma personnalité et raffinés mes valeurs. Une blessure qui m’a permis de changer ma perception des entraînements. L’erreur de vouloir revenir sur le même chemin après une blessure, je ne l’ai pas faite. J’ai poursuivi mon chemin en acceptant d’être blessé. C’était mon nouveau chemin. C’était au début 2015. Les années qui ont suivi ont été exceptionnelles.

Réflexion sur nos valeurs, notre vision, notre mission

Il est important d’avoir une vision, des rêves. Les nommer, les crier, les vivre. Ils guident nos actions. Ils nous permettent de choisir le bon chemin. Ou ce qu’on croit être le bon chemin. Il est important de porter une attention à ce qu’on y vit comme le propose James Redfield dans La Prophétie des Andes. On y fera des rencontres, on y vivra des épreuves, on se questionnera. Nous devons garder en tête ce qui est important pour nous, établir nos priorités. Sur le chemin, il y aura des obstacles, des moments plus difficiles mais l’important est de voir l’horizon au loin et de réaliser que ce que l’on vit ça rejoint nos valeurs, notre vision et notre mission.

Il ne faut pas craindre les détours. La ligne droite ne fait que nous amener plus rapidement vers notre finalité. Bien sûr, en empruntant un chemin, on en évite plusieurs autres, et donc on manque certaines opportunités. Mais l’important est que sur ce chemin, on y trouve le bonheur. On aura alors l’impression d’être au bon endroit au bon moment et d’avoir trouvé la bonne voie pour soi. Et le chemin qui m’a mené au Marathon de Boston en duo est pour moi le bon chemin. Un chemin qui rejoint le médecin qui veut promouvoir l’activité physique mais aussi qui brise certaines barrières avec les gens à mobilité réduite. C’est une ouverture aux autres, une action d’engagement social. On pourrait y voir une bonne action altruiste, de l’abnégation. Mais, le don de soi est plutôt rare. On y fait toujours quelques gains. Dans mon cas, ces courses en duo renouvellent ma motivation à courir. J’y gagne une énergie que je ne peux avoir en courant seul.

La chanson de Pink Floyd, On the Turning Away, est très à propos. Elle évoque les souffrances subies par certaines personnes et présente surtout l’indifférence des gens. Les paroles finissent sur une touche d’espoir: il faut agir et vivre en s’aidant mutuellement. Les courses en duo permettent à chacun, coureurs et co-coureurs, de s’épanouir.

No more turning away
From the weak and the weary
No more turning away
From the coldness inside

Just a world that we all must share
It’s not enough just to stand and stare
Is it only a dream that there’ll be
No more turning away?

– Pink Floyd (On the Turning Away – A Momentary Lapse of Reason – 1987)

Sébastien Roulier (www.sebastienroulier.com)

Ultramarathonien, blogueur, conférencier, pédiatre, professeur, médecin gestionnaire et père de 3 enfants

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