De retour

Je n’ai pas été actif sur mon blogue depuis ma course au Virgil Crest Ultramarathon à la fin septembre 2014. Près de 6 mois. J’ai bien fait quelques publications sur Facebook. Rien de majeur. Disons que j’avais moins d’inspiration et de motivation à écrire. Lorsque j’écris sur mes courses, c’est ma façon d’en faire l’analyse, de la classer et de passer à autre chose. Je n’ai presque rien écrit sur mes deux dernières courses de 2014 (Stone Cat 50 et Championnats Mondiaux de 100km). Aucun bilan de saison et d’objectifs pour 2015 non plus. J’ai l’impression d’avoir quelques chapitres inachevés. J’avais d’autres préoccupations. Une blessure. Ah! Ah! J’ai bien couru après vous direz. À chaque jour, je me demandais si c’était le moment d’écrire et plus le temps passait plus mon idée à développer était vague. Alors, j’ai laissé ça sur la tablette. Pas trop loin par contre. Je savais que je vivais une période plus difficile mais je savais aussi que j’étais pour m’en sortir. J’avais besoin d’étincelles pour raviver la flamme et partager mon vécu. J’ai fait quelques défis et j’ai pris des décisions importantes. L’embrasement, et bien, c’est mon dernier défi dans les Montagnes Blanches : la double traversée de la chaîne Présidentielle en hiver. Je vous en parlerai plus en détails dans un autre blogue. Mais d’abord, revenons à 2014.

En perte de plaisir : un train en manque de vitesse

Pour les gens friands de statistiques, ma saison 2014 peut sembler exceptionnelle :

  • 6100 km à courir
  • 5 victoires sur des distances allant du 20 km au 100 km
  • 2 deuxièmes positions dont le 100 miles du Virgil Crest Ultramarathon en 20h33
  • Un record personnel sur le parcours du marathon de Boston (2h38)
  • Un record personnel pour un 100 miles (16h46 au Vermont 100)
  • Une participation aux Championnats Mondiaux de 100 km au Qatar

Par contre, tout au long de la saison, j’avais l’impression d’être un train lancé dans une descente effrénée. Tout ce que j’avais acquis à la course depuis mes débuts me propulsait. Mais, je me retenais de faire des entraînements de vitesse pour ne pas aggraver ma blessure. Alors, je me laissais aller. Et les résultats étaient bons. J’ai tout de même réussi à gravir des montées merveilleuses. Un marathon de Boston de rêve, une fin de course rapide au Vermont 100, vivre des événements énergiques et fantastiques à la Chute du Diable et à la Pandora 24. Mais le summum aura été ma course au Virgil Crest Ultramarathon. Des sensations de course jamais vécues auparavant. En harmonie avec la nature. En mouvement. Libre. Tout ce que je voulais par la suite, c’était retrouver ces sensations. Mais, ma blessure à l’aine droite m’en empêchait.

Déjà à la fin 2013, je savais qu’il y avait une blessure dans cette région. Une IRM le démontrait. Avulsion ligamentaire d’un muscle adducteur. Inflammation du bassin. Fracture de stress pelvienne possible. Mais ma principale douleur n’était pas là à l’époque. Ce n’était qu’une sensation de lourdeur. Et au fil des mois, la douleur s’est précisée. La principale raison de cette blessure : beaucoup de grosses courses et très peu de temps de récupération. Le mois d’octobre aura été difficile. J’avais tout simplement hâte que ma saison se termine. Mais j’avais encore deux courses à venir en novembre: Stone Cat 50 (50 miles) et les Championnats Mondiaux de 100km au Qatar. Mon déraillement est survenu le 25 octobre. Déjà je voulais modifier mes entraînements pour y inclure des sessions d’elliptique. Moins d’impact. Simule bien la position de la course à pied. J’ai fait l’achat d’un appareil. Un voisin m’a aidé à transporter la boîte. J’étais incapable de monter ou descendre les escaliers avec la boîte. Des faiblesses dans les muscles au niveau du bassin. Vivement que la saison se termine. J’ai bien voulu me convaincre que tout irait bien au Stone Cat 50 mais j’ai vite réalisé que je n’avais plus de plaisir à courir. Et les Championnats Mondiaux de 100km au Qatar deux semaines plus tard… Ça se résume à une expérience… Quand tout va bien, il est beaucoup plus facile de vivre une belle expérience. Pas juste à la course mais tout ce qui gravite autour. C’est une question de perception, de vibration. C’est tout un défi de percevoir les éléments positifs lorsqu’on vit des difficultés. Je ne voulais donc pas juste vivre la course, mais aussi m’imprégner de tout ce qui pourrait être positif. Trouver des motivations, des inspirations. Au Qatar, j’ai manqué la rencontre avec les élèves d’une école. C’était un élément que j’avais identifié comme source de motivation. Et que dire du pays. Froid malgré la chaleur qui y règne. Je n’ai pas réussi non plus à m’intégrer à l’équipe…du moins c’était ma perception à l’époque. Et je n’ai pas su utiliser l’énergie qu’aurait pu me procurer d’être le porteur du drapeau canadien à la cérémonie d’ouverture ou encore lorsqu’on m’a remis ma plaque d’Athlète de l’année 2013 par l’Association Canadienne des Ultramarathoniens. On est responsable de son bonheur et je n’ai pas réussi à changer la vapeur. Donc, une expérience qui s’est soldée pateam1r une course difficile sans plaisir réel. Le temps a passé et je suis en mesure maintenant d’y déceler les éléments positifs. Mais courir 100 km sur des tuiles, ça ne sera jamais positif. Je vous partage une vidéo qui présente l’équipe canadienne lors de ces Championnats: cliquez ici.

À la recherche du plaisir : sevrage et réadaptation

Après les Championnats, j’ai décidé de m’occuper de ma blessure. Enfin. J’ai réduit le nombre de sorties à la course et j’ai fait du transfert sur elliptique ou sur vélo de spinning. Et quand la neige est apparue, j’ai fait de la raquette et du ski de fond. Je courais beaucoup moins le matin aussi. J’avais beaucoup moins d’énergie pour me lever tôt comme je le faisais auparavant. J’en profitais pour dormir… et récupérer. J’ai consulté en physiothérapie et en massothérapie (merci à François Lévesque et Véronique Legault d’Action-Sport-Physio de Sherbrooke). Je voulais me rebâtir mais, je ne voulais pas écarter la course de mon quotidien. J’avais encore de gros objectifs en vue : un 100 km en mars, le marathon de Boston en avril, les Championnats Mondiaux de trail à Annecy en mai. Après mon inscription au Vermont 100 au début janvier, j’ai douté de ma guérison. Après 15 ans à courir avec seulement que quelques jours de blessure ici et là, j’étais maintenant prêt à accepter que ma guérison serait plus longue. Très longue. J’étais prêt à m’accorder plusieurs mois pour guérir. Le temps arrange souvent les choses. Je me suis fait un réel cadeau en révisant mes objectifs de courses et d’entraînements pour 2015 : j’ai rayé le 100 km et Annecy et j’ai décidé d’attendre avant d’ajouter des courses à mon calendrier. Sauf pour La Chute du Diable au début septembre… je suis leur président d’honneur. Boston, et bien, j’ai décidé de le courir à un rythme sans douleur. Et pour quelques semaines, j’ai arrêté de courir. J’ai profité de l’hiver en faisant d’autres activités de plein air. Et puis, mon désir de bouger est revenu tranquillement. Les étincelles dont je parlais plus tôt.

Épreuve de ski de fond au Défi Hivernal Leucan Estrie. Photo crédit: Antoine Petrecca / Marco Bergeron.

Épreuve de ski de fond au Défi Hivernal Leucan Estrie.
Photo crédit: Antoine Petrecca / Marco Bergeron.

Accomplir des défis est une belle façon d’y parvenir. Il y a d’abord eu le Défi Hivernal Leucan Estrie déguisé en Batman. J’ai complètement oublié mes bobos le temps d’une journée. Puis, j’ai vécu de beaux moments lors de longues rando-courses en raquettes dans les secteurs du Mont Gosford et du Mont Mégantic. Une région à découvrir l’hiver. Je retrouvais du plaisir à courir. Aucune pression de temps ou de vitesse. À mon rythme. Dans la nature. Et si la douleur se pointait alors je marchais. Mes sorties étaient surtout en sentiers car c’est là que je me sentais bien. Et j’aime courir sur un tapis de neige. Tranquillement mon trottinage s’est accéléré pour retrouver une cadence de course. Et tout récemment, j’ai recommencé à courir sur la route… et à aimer ça. Mais pour une personne qui vit la course intensément, ces changements ne sont pas faciles.

En écoutant le film Into the wild qui raconte la vie de Christopher McCandless, j’ai retenu des passages intéressants :

The very basic core of a man’s living spirit is his passion for adventure.
You’re just there, in that moment, in that special place and time.
Rise up and find direction.

Trouver sa voie. Mon chemin.

SAM_0809Et à tout ça, si j’ajoute le plaisir de partager ma passion du plein air avec mes enfants, assister à des conférences motivantes et inspirantes de l’aventurier Frédéric Dion en Antarctique et de Marie-Andrée Fortin du projet Karibu, écouter Frédéric Lenoir parler du bonheur à Tout le Monde en Parle alors j’obtiens plusieurs ingrédients intéressants pour redémarrer ou plutôt pour continuer. Toutes ces petites victoires, ces petits éléments m’aident dans ma guérison. Ma blessure n’est toujours pas guérie, loin de là, mais dans ma tête, tout se précise. Le plein air, la nature, les défis. De gros défis… Comme celui dans les Montagnes Blanches le 14 mars dernier.

Plaisir retrouvé : Winter Double Presidential Traverse

Dans un autre blogue, très bientôt, je vous parlerai plus en détails de ce défi de près de 15 heures dans les Montagnes Blanches. Une aventure où l’homme et la montagne se rencontrent à un moment bien précis. Une célébration du mouvement. Un défi extrême certes mais pas irréfléchi. Je ne vous laisserai pas sans reste. Voici une vidéo qui résume bien cette aventure.

White Mountains, NH, USA.

White Mountains, NH, USA.

Plaisir à venir, opportunité à saisir

Mon défi dans les Montagnes Blanches m’a confirmé que ce qui me meut, ce sont les défis en plein air ou dans les montagnes. Je devais prendre une décision ce weekend-là. La semaine précédente, j’avais reçu ma sélection officielle pour représenter le Canada pour les Championnats Mondiaux de trail à Annecy en France à la fin mai. Une course que j’avais écartée. Mais à la lumière de mon défi accompli, j’ai révisé ma décision. J’ai confirmé ma présence à cette course. Informé de ma blessure, le responsable de l’Équipe canadienne m’a bien confirmé que je ne prenais pas la place d’un autre coureur et que je pourrais courir la course sans avoir l’objectif de m’y défoncer… C’est donc avec un grand plaisir, que je vais courir les sentiers de la Maxi-Race le samedi 30 mai. Je ne serai peut-être pas au maximum de ma condition physique mais au niveau mental, je me sens maintenant plus fort. Et je suis prêt à relever ce défi et bien d’autres… Pour utiliser les mots de Christopher McCandless :

I also know how important it is in life not necessarily to be strong but to feel strong.

BandeauA4-ENG

Je continue
Grâce à ce blogue, je peux maintenant clore certains chapitres. Accepter où je suis maintenant. Comme le corps qui s’adapte à la charge d’exercice, je m’adapte tranquillement à tout autre changement dans ma vie. J’apprends à composer avec ma blessure et à la respecter. Ce n’est pas un recul mais bien un nouveau chemin. Je ne connais pas la destination finale mais j’explore là où ma passion me mène et je vais poursuivre ce chemin…

Sébastien

www.sebastienroulier.com

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