Marathon de Boston 2014: Un texte que j’aurais pu écrire le vendredi précédant mon marathon…

BanderoleLes 2 dernières semaines, j’ai surtout couru sur la route. Reprendre contact avec l’asphalte pour mieux réagir sur les routes de Boston. J’aurais tout de même préféré les sentiers mais la Nature est en transition. L’appel de la forêt étant plus fort, le vendredi précédant le marathon, j’ai sillonné les sentiers d’Orford pendant 1h30. Il y avait encore de la neige. Il y avait de la boue. La température était parfaite pour courir en short. Comme la Nature, je me sentais revivre et les sensations de course étaient excellentes.

Dans le dernier mois, je me suis fait la réflexion à plusieurs reprises que je devais prendre du temps pour penser à ma course à Boston. J’ai bien eu quelques fragments de pensées lors de mes différentes sorties. Mais c’est suite à ma sortie en sentiers du vendredi précédant mon marathon que j’ai pris un temps d’arrêt.

Trois jours avant le marathon, je me retrouve donc seul à la maison devant mon souper à écouter du Enya. Puis mes pensées se portent sur le chemin qui m’a conduit là où je suis. La tâche sera colossale pour réaliser un bon chrono comme l’an passé (en 2h38:24). En fait, je n’y crois pas. 2h45-2h50 serait plus juste… Et encore là, je ne suis pas sûr du tout. J’ai une blessure à l’aine qui est tolérable mais dont je ressens des tensions dès que je fais de la vitesse. Pour ne rien aggraver, cet hiver, j’ai fait très peu de vitesse ou d’intervalles… et lorsque j’en faisais, j’avais l’impression que mes jambes ne répondaient pas aussi bien que par le passé. Les chiffres ne mentent pas. Mes intervalles étaient plus lents. La vitesse, j’en ai moins aussi, depuis que j’ai fait mon virage ultra. Mes fibres musculaires ont changé. J’ai de l’endurance. Beaucoup d’endurance. Mais j’ai moins de vitesse. Également, le rythme de la route est très différent du rythme des sentiers… Mes sorties sur route sont beaucoup plus pénibles. Les chiffres ne mentent pas. Elles sont plus lentes. Même les «easy run». Et elles sont mentalement plus difficiles. Des kilomètres, j’en ai fait moins aussi. Des changements au niveau familial et un travail demandant ont limité mes sorties de course. J’ai fait un peu de spinner pour compenser… mais pour s’améliorer à la course, il faut courir…

Mes réflexions se sont alors portées sur un passé un peu plus lointain. En 2009, je m’étais fait le pari que pour améliorer mes temps sur marathon, je devais augmenter la distance de mes longues sorties. Oui, la vitesse est importante, mais pour améliorer la deuxième partie de mes marathons, je devais augmenter mes distances d’entraînement à 50, 60, 70 kilomètres. C’est ce changement dans mes entraînements qui m’a dirigé vers les ultra-marathons et l’ultra-trail. Et je crois toujours que des «super long run» m’aideront dans mes marathons. Et j’y ai surtout cru le vendredi précédant mon marathon.

Et que dire de la mémoire. Ce que je retiens des dernières semaines n’est peut-être pas une progression idéale pour le marathon à venir mais ma tête se souvient de toutes mes expériences de course… bonnes et moins bonnes. Mes muscles ont une mémoire aussi. Les influx nerveux. Les décharges. Pour être le plus efficace dans ma foulée sur l’asphalte. La mémoire de la trail pour m’aider dans les montées. C’est mon 8e Boston aussi. Le parcours, je le connais bien. Les difficultés, je les connais bien. La routine entourant ce marathon, je la connais bien…

En l’espace d’un instant, je me suis projeté dans le marathon… Celui à venir. Tout ce que je visualisais, je le ressentais comme réel. Je me voyais prendre le Tramway puis l’autobus vers Hopkinton. Calme. Puis, mes pensées se sont portées sur la course elle-même. Une foule qui m’encourageait et m’applaudissait. Je ressentais toute cette énergie et j’avais l’impression de flotter sur le parcours. Je flottais sur le parcours. Tout était facile. Du début à la fin. Même Heartbreak Hill. Ma foulée était fluide et sans douleur. La foule interagissait avec moi aussi. Comme l’an passé, je portais mon gilet avec «Canada» imprimé et j’avais inscrit les lettres «SEB» sur mes bras. Des spectateurs scandaient le «Ô Canada», d’autres criaient «Go Canada» ou «Go SEB». Le ciel était clair. Je me voyais au départ à attendre dans le «corral #1». Toujours calme. Je savais que l’ultra-marathonien élite, Ian Sharman, participait à la course et qu’il était dans le même «corral» que moi. J’avais la certitude que j’étais pour le croiser. Puis j’ai ressenti aussi toute l’énergie des cris lorsqu’on tourne sur Boylston et que le «Finish» est en vue. Et encore cette année, je terminais ma course avec le sourire, heureux de ma course.

Boston Marathon - FontaineBoston, c’est un rendez-vous annuel depuis 2007. Il y a le marathon mais c’est aussi l’occasion d’y fêter mon plus vieux pour la 8e fois. . Il est souvent suggéré d’être relaxe la veille d’un marathon mais le beau temps était présent. Boston Marathon - ParcsNous devions en profiter. Nous sommes allés à la fontaine de l’Église de scientologie, nous avons marché sur Commonwealth Avenue et nous avons été dans les différents parcs de la ville. Je voulais aussi profiter du beau temps pour courir le long de la Rivière Charles. Une belle sortie de 1h la veille du marathon… J’étais bien.

Le matin de la course, je n’étais pas du tout stressé. J’étais paisible. Au fond de moi, je savais ce qui s’en venait. Je l’avais déjà vécu. Assis dans le village des athlètes, adossé sur une clôture, le soleil monte dans le ciel et me réchauffe. Ce sera une belle journée. Une belle journée, comme on le dit en anglais, « to bring my A-game ». Être dans une course, porter un dossard, utiliser les coureurs me permet de puiser pour amener ma course à un autre niveau. Et courir à Boston !!! Je veux y donner le meilleur de moi-même. Le coureur assis à mes côtés discute avec un autre coureur qui va courir son 1er Boston. Il lui donne le conseil d’être prudent dans les descentes, de ne pas forcer la cadence et s’il y a une place pour se défoncer, c’est bien dans la deuxième moitié. Je le connais bien ce conseil. De l’entendre juste avant de quitter le village, c’est resté en tête. L’entrée vers les «corrals» est un peu différente cette année. Et dès que je mets les pieds dans le «corral #1», je reconnais la machine de course Ian Sharman. On échange quelques mots. Sa prochaine grosse course sera le Western States 100, le marathon de Boston des ultras… Un jour j’y serai. Un ciel sans nuage et un soleil de plomb. J’aurai un coup de soleil, c’est sûr. Je devrai bien m’hydrater. J’ai quand même connu pire il y a 2 ans… Juste avant le départ, David McGillivray, le directeur de course du marathon, lui-même ultra-marathonien (il a traversé les États-Unis à la course en 1978 – Un livre décrit son parcours The Last Pick), fait un court discours. Ce que j’en retiens : « Runners, take back the Finish Line !!!». Puis, tous les coureurs s’élancent. Je me retiens dans la descente avant de trouver une cadence confortable. La foule, elle est comme je l’ai visualisée. Pleine d’énergie, comme à chaque année. Et lorsqu’on m’encourage, chante «Ô Canada» (ça se limite souvent à ces seuls 2 mots…les gens ne connaissent pas le reste de l’hymne) ou crie «Go Canada» ou «Go SEB» (à ne pas confondre avec MEB), je salue les gens, je fais un «thumb up» ou encore un «high five». J’aime cette interaction avec la foule. Boston MarathonAu fil des kilomètres, je réalise que je maintiens une bonne cadence. Une cadence très régulière entre 18:20 et 18:40 minutes aux 5 km. Je n’ai pas trop ralenti dans les Hills (19:20 minutes). J’ai dépassé plusieurs coureurs dans cette section même. Et j’ai poursuivi en force dans les derniers kilomètres pour terminer en 2h38:20. Mon meilleur temps à Boston et 4e meilleur temps à vie. Une excellente deuxième partie de parcours en réalisant mon meilleur 2e demi sur marathon en 1h20:21. Tout ça sans crampe, sans frapper de «mur» et sans douleur. Et pour une 3e année d’affilée, les bénévoles au fil d’arrivée me mentionnent que «it seems so easy, you’re still smiling». C’est bien grâce à eux que le Marathon de Boston est une réussite. Des sourires et des remerciements, ils en méritent. Tous les policiers, dont la présence était accrue cette année (c’était bien la seule différence par rapport aux autres éditions de la course), en méritent aussi.

Lors de mon retour à l’hôtel, une petite trotte de 4-5 km à pieds, je sentais déjà mon corps en mode récupération. J’étais fier de ma course, fier de la gestion de ma course. Pour réaliser de bonnes performances, il n’y a pas que les entraînements. Il faut vivre la course. Ne pas négliger la force du mental et ce que la visualisation peut apporter à une performance. Visualiser, ce n’est pas juste de penser et espérer que ça s’accomplisse, c’est vivre, ressentir, se projeter. Il ne faut pas se laisser emporter par des pensées négatives. Et peu importe le résultat, ce sera une expérience de plus qui vous aidera à progresser dans la course.
Et pour moi, Boston 2014, est une autre belle expérience qui va me propulser dans ma saison 2014.

Mon classement final : 2e Québécois, 10e Canadien. 270e overall (sur 36 000 coureurs). Les chiffres ne mentent pas, ce fut une très bonne course.

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Souliers : ADIDAS Adizero Adios Boost
Énergie pré-marathon : boisson X1 + BCAA et gel X4 Carb de Pro Circuit
Énergie durant le marathon : gel X4 Carb et X4 vivifiant (caféine) de Pro Circuit; boisson sportive sur le parcours

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